Après en avoir été le directeur artistique, l’âme et la figure emblématique, le trompettiste Thierry Caens a confié la présidence de Musique au Chambertin à la jeune et prodigieuse percussionniste Adélaïde Ferrière, elle aussi d’origine dijonnaise. Nous les avons croisés dans les coulisses de la préparation de la Saint-Vincent de Couchey, au domaine Derey.
Musa et Bacchus se sont penchés sur leur berceau. La fée de la musique et le dieu du vin les reconnaissent parmi leurs enfants les plus doués. Même si quelques décennies les séparent, du point de vue terrestre, Thierry Caens et Adélaïde Ferrière ont en commun le talent et un amour sans limites pour la Bourgogne. Après 34 ans d’existence du festival, le passage de témoin entre le sexagénaire encore mobilisé par de nombreux projets musicaux, et la jeune musicienne d’à peine plus de 20 ans, chante la providence. Musique au Chambertin renaît en douceur, sous une ère nouvelle.
En 2022, déjà, les deux artistes se sont partagés la programmation du festival qui, selon sa vocation originelle, se promène en septembre dans les lieux spirituels et emblématiques des neufs villages de la Côte de Nuits. On joue ainsi sous les toits vernissés de l’église Saint-Martin de Fixin, dans l’intimité précieuse du Domaine de la Romanée-Conti, dans le cellier du Clos de Vougeot ou encore dans la solennité du château de Brochon.
Une « étourdissante musicienne »
L’association Les amis de Musique au Chambertin, qui porte le projet, est indiscutablement incarnée par l’énergie et la générosité du trompettiste phénomène dijonnais. Elle est désormais présidée par la ravissante Adélaïde, « une étourdissante percussioniste » n’hésite pas à publier Télérama, alors qu’elle venait tout juste d’être désignée révélation soliste de l’année aux Victoires de la musique 2017.
Pour la postérité, nous avons donc croisé et immortalisé ces deux étonnantes personnalités dans un endroit à leur mesure et à leur portée : la cave de Pierre Derey à Couchey, dans ce village qui, à la fin de ce mois de janvier, a joué une autre partition d’envergure, avec la célébration de la Saint-Vincent tournante 2023. Un choix assumé qui révèle la sincérité et la profondeur (normal après tout, nous sommes dans une cave), de leur engagement.
Par la nature des choses, la programmation de Musique au Chambertin en sera sans doute elle-même rajeunie. Toujours bienveillant, Thierry Caens n’y voit pas malice, bien au contraire. Selon lui, en toute circonstance, « la musique est au Chambertin ce que le coq est au vin ». Fort de cette maxime haute en saveurs, le papa du festival trinque à la santé de sa providentielle « recrue ».
Comme lui, Adélaïde est née dans une famille de musiciens, en terre bourguignonne. Ce lien est indéfectible. Il autorise ces deux artistes de réputation internationale à cultiver au plus profond d’eux-mêmes la passion qui les lie à leur appellation d’origine. Musique au Chambertin ne baissera pas de rythme, ni de niveau, c’est écrit en clé de sol.