Bourgogne Magazine s’invite au bal des sorcières. Dans son prochain numéro, en écho à l’événement populaire Les sorcières de Mâlain (les 6 et 7 juin), la revue fait le point sur une population maléfique en voie de non disparition.
Editorial de Dominique Bruillot
Photos de Jean-Luc Petit
Une année sur deux, Mâlain invite le diable à sa table. Son éperon rocheux s’anime soudainement des incantations les plus improbables. On y voit quelques sorcières sortir d’on ne sait où, le nez crochu (ou pas) au vent, pour respirer l’atmosphère d’une époque qui ne croit plus en rien et se moque même joyeusement des croyances.
17 000 personnes se sont déplacées lors de la dernière édition de la Fête des sorcières, pour toucher du doigt la légende et bouillir dans la marmite de leurs doutes. Mâlain multiplie par 20 sa population le temps d’un carnaval maléfique qui, pourtant, doit son existence à la tragicomédie d’une histoire lointaine où la bêtise traînait volontiers sur le bûcher, l’incarnation de la folie ou, cela arrivait aussi, les prémices de l’herboristerie. Spectacle surréaliste d’un monde dit évolué, la prochaine Fête des sorcières de Mâlain se tiendra les 6 et 7 juin.
Posons-nous alors la question de ces herbes sataniques qui finalement soignent les gens, de ces potions magiques qui n’ont rien de magique mais tout de scientifique, auxquelles l’ignorance prête le malheur et dont on découvre subitement l’apport bénéfique quand un peu de connaissance vient se glisser sous le chapeau de juges intouchables jusqu’alors.
Bref, qu’y a-t-il de vraiment changé entre le Moyen-Âge et aujourd’hui? Prenons l’exemple du monde de la vigne, qui cloue au pilori les « intégristes » de l’anti-traitement, sous prétexte que sans l’intervention de la chimie et du toxique, la maladie gagnera la partie. Que dire de ces médecins qui, se sentant menacés quelque part (on se demande bien où), ont un regard condescendant sur les médecines douces?
Le raccourci est audacieux, nous en convenons, mais il mérite réflexion. L’inconnu fait toujours peur, à raison parfois, mais il conduit tout aussi souvent l’homme vers un comportement directif et excessif en retour.
Ces sorcières si bien aimées aujourd’hui ne sont-elles pas, après tout, la démonstration que des cœurs purs et bien intentionnés ont pu finir brûlées au nom du Christ, des hommes et des abrutis? Au-delà de l’au-delà revendiqué, en deçà de nos certitudes ébranlées, célébrons ces martyrs de la bêtise. Il est écrit, dans notre dossier, que les sorcières furent moins nombreuses à être sacrifiées en Bourgogne, une région plus riche et cultivée, que dans d’autres contrées voisines, engoncées dans un archaïsme délirant. On se rassure comme on peut. Cela nous autorise, toutefois, à braver leurs pires ennemis. Du balai les inquisiteurs!
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