Du 8 septembre au 28 octobre, la France vibrera au rythme de la Coupe du monde de rugby. Licenciés, dirigeants, bénévoles, personnalités : en Côte-d’Or, ils sont nombreux à défendre les valeurs de l’ovalie. Anthony Buonocore, speaker de la Coupe du monde à Lille, ouvre le bal.
Pendant deux mois, vous serez le speaker de la Coupe du monde de rugby à Lille. Mais on a plutôt l’habitude de vous croiser autour d’un terrain de foot…
Je ne suis pas étranger au rugby, pourtant. En 2017, j’avais animé le derby de la Méditerranée pour l’inauguration de l’Orange Vélodrome à Marseille. Et en 2019 la finale du Top 14. Et puis d’autres rendez-vous aussi. J’adore ce sport, il correspond aux valeurs que j’ai dans la vie. Alors après l’Euro 2016 de football, j’ai décidé de m’investir dans l’Association des Speakers et des Maitres de Cérémonie, et de postuler lorsque nous avons monté un dossier pour la Coupe du monde de rugby. Et j’ai été retenu.
Votre terrain de jeu sera donc le stade Pierre-Mauroy. Pourquoi avoir choisi Lille ?
J’ai postulé là-bas car j’ai adoré ce stade lorsque j’étais speaker à l’Euro 2016. J’ai des amis à Lille, que je vais revoir avec plaisir. J’ai hâte !
Vous aurez le privilège d’animer un match du XV de France…
Effectivement, le 14 septembre, le premier match du Mondial à Lille, le second des Bleus. Ce sera face à l’Uruguay. C’est un honneur, une fierté de côtoyer cette superbe équipe. Mais attention, je suis le speaker de la Coupe du monde, le speaker de France-Uruguay, pas celui des Bleus. Il me faudra garder neutralité et retenue. C’est la base de mon métier.
Comment prépare-t-on une Coupe du Monde quand on est speaker ?
Les spectateurs ne se rendent pas compte du travail que cela représente en amont. J’ai passé un été studieux, j’ai regardé les matches de préparation des équipes qui évolueront à Lille, je me suis renseigné sur les effectifs, sur les prononciations, les noms, les prénoms. J’ai la chance d’avoir la France donc, l’Angleterre, l’Écosse également. En plus d’être de superbes équipes, je vais rester dans une culture anglophone, c’est plus facile à aborder pour moi.
Vous côtoyez aussi bien le foot que le rugby. Est-ce qu’on anime de la même manière pour ces deux sports ?
Pas du tout. L’ambiance du foot est clairement plus électrique, tandis que le public du rugby est plus familial, plus détendu. Dans les travées d’un match de rugby, vous trouvez des gens positifs. Au foot, il y a clairement plus de rivalité envers l’adversaire, de compétition, et ça joue sur la manière d’aborder la rencontre pour nous. Au foot, je dois avoir plus de neutralité, plus peser mes interventions. Au rugby, je peux me permettre certaines choses. Je me rappelle de la finale du Top 14 au Stade de France, les supporters de Clermont ne me reprochaient pas une petite envolée sur une action de Toulouse et vice versa. Il n’y a aucune animosité envers l’adversaire. Au rugby, on peut se permettre d’être au cœur du public, on aura même droit à une tape amicale. Le public est mélangé, c’est extraordinaire.
Comment expliquez-vous cette différence ?
Sans doute dans les enjeux qui pèsent aujourd’hui sur le football. Aussi parce que le rugby, c’est à l’origine un sport de gentleman, carré, et il a réussi à garder cette culture. Je ne veux pas comparer, j’aime les deux. Le rugby, c’est le contact, le rapport physique, et il y a un vrai respect du public pour cet engagement permanent des joueurs. C’est la culture du rugby, cette culture qui fait aussi qu’on va au match en famille, papy, les enfants, et les petits enfants.