Les vignerons de Bourgogne « en première ligne » du changement climatique : l’expo photo à voir à Beaune

Dans le cadre du Mois des Climats, du 1er juin au 30 juillet à la Cité des Climats de Beaune, aura lieu l’exposition photographique de Michel Joly : « En première ligne – rencontre avec les vignerons, au quotidien face au changement climatique ».

Organisé en partenariat avec l’association des Climats du vignoble de Bourgogne, la Cité des Climats, et avec le soutien de Rougeot Viti, cet événement figure parmi les 10 manifestations « coup de cœur » du programme.

Photographe installé de longue date en pays beaunois, ami et complice historique de Bourgogne Magazine et DBM, Michel Joly regarde avec une tendresse particulière la vie du vignoble. Il est l’un des photographes majeurs de la démarche d’inscription des climats du vignoble de Bourgogne au patrimoine mondial de l’Unesco.

Ce voyage photographique proposé à la Cité des Climats de Beaune en dit plus sur le quotidien et les préoccupations de vignerons face au dérèglement climatique : gel, sécheresse, dépérissement de la vigne, mais aussi sur l’urgence d’adaptation, la biodiversité et le développement durable.

L’exposition sera l’écrin d’une table-ronde dédiée, jeudi 27 juin à 18h : « Le changement climatique, une menace pour le patrimoine (mondial) des Climats ? », qui questionnera les enjeux pesant sur les paysages, les patrimoines bâtis et sur le modèle viticole des Climats. Immanquable !

« Le climat change, peut-être devrions nous faire de même. » En première ligne face aux dérèglements climatiques, les vignerons doivent s’adapter. Agroforesterie, génodique, arrêt du travail du sol, réintroduction de l’éco-pâturage… Ici, Edouard Clair (domaine Bruno Clair à Marsannay), dans ses vignes enfouies sous un couvert végétal qu’il expérimente pour capter le carbone atmosphérique et enrichir le sol de matière organique. © Michel Joly / Hans Lucas
Jeune domaine créé par Jean Orsoni et Juliette Puyperoux, le domaine du Puy de l’Ours plante dans le climat Ez Connardises, à Savigny-lès-Beaune : « Le choix des porte-greffes pour les nouvelles plantations est primordial si nous voulons que des vignes résistent bien à l’évolution du climat. » © Michel Joly / Hans Lucas
Vendanges d’aligoté au domaine Chanterêves à Savigny-lès-Beaune. A contrario de la plupart du vignoble bourguignon qui est en monoculture, ici la parcelle est entourée de maïs et de blé. © Michel Joly / Hans Lucas

📸 4 questions à Michel Joly, photographe et auteur de l’exposition photographique « En première ligne – rencontre avec les vignerons, au quotidien face au changement climatique »

1. « En première ligne » documente l’évolution du métier de vigneron face aux enjeux climatiques. Pourquoi cette thématique plutôt qu’une autre ?

C’est une évidence de dire que le réchauffement climatique est un enjeu essentiel. Documentant depuis de nombreuses années le milieu viticole, il m’a semblé important d’aller voir comment ceux qui sont en première ligne face aux conséquences de ces dérèglements se positionnent, à la fois en terme d’adaptation mais aussi en tant qu’acteurs pour réduire l’impact climatique. De nombreux livres, articles, débats, conférences voient le jour sur ce sujet. Avec mon regard de photographe, je désirais témoigner et ainsi apporter ma pierre, ou plutôt mon caillou à l’édifice.

Chaque domaine a sa philosophie sur le sujet. Lesquels êtes-vous allés voir et pourquoi ? 

Il vrai que tous ne réagissent pas de la même façon face à cette problématique. Certains se focalisent sur quelques aspects spécifiques qui les touchent particulièrement (le gel, la sécheresse, les maladies). D’autres ont une approche plus globale, pour aller vers une viticulture durable. Lorsque j’ai commencé à travailler sur le sujet, je suis allé naturellement vers ceux que je connaissais déjà et dont je connaissais l’implication sur ce sujet. Le domaine du Puy de l’Ours (ndlr, à Savigny-lès-Beaune) par exemple, avec qui j’ai déjà travaillé a effectué un bilan carbone très poussé de leur domaine. Ensuite, le bouche-à-oreille a fonctionné. J’ai questionné les institutions telles que le BIVB ou la CCI. Au final, j’aurais pu rencontrer beaucoup plus de vignerons, car tous sont impactés et se questionnent sur l’avenir de leur profession. Le but n’était pas d’être exhaustif mais plutôt de documenter l’évolution des mentalités et des pratiques viticoles. 

Quels enseignements tirez-vous de ce travail ?

Je suis très loin d’avoir cerné le sujet. Nous n’en sommes qu’au tout début de ce mouvement engendré par les changements climatiques et à l’heure actuelle les mentalités commencent à évoluer. De nombreuse pistes voient le jour régulièrement, les échanges se font de plus en plus nombreux sur la question. De nombreux essais sont réalisés à petite et à plus grande échelle. De plus, les conséquences directement perceptibles ne sont pas les mêmes selon la situation géographique. Le sud de la France est beaucoup plus touché par la sécheresse par exemple. Bref, il n’y a pas un problème mais des problèmes et autant de solutions qu’il faudra mettre en place. Une chose est sûre, la viticulture de demain devra se réinventer.

Un photographe a l’œil. Depuis tout ce temps passé entre nos ceps, trouvez-vous que la carte postale viticole a changé ?

Pour quiconque porte un regard attentif sur les territoires, il est évident que ces nouvelles pratiques engendrent un changement perceptible des paysages. Les palissages gagnent de la hauteur, des arbres sont replantés, les sols s’habillent d’herbes sauvages ou aromatiques, mais aussi de céréales capturant le carbone atmosphérique tout en apportant des nutriments aux sols. On croise de plus en plus fréquemment des chevaux, des moutons, des poules… ou des robots électriques.