Les virages du circuit Dijon-Prenois #5 : la bataille puis la combe

Le circuit Dijon-Prenois appartient au patrimoine bourguignon. Chaque virage raconte sa propre histoire. Épisode 5 du double-gauche de la bretelle au virage de la Combe.

© Rodolphe David

Propos recueillis par Thomas Désarménien

« On ne voit pas beaucoup cette partie du circuit, mais il s’en passe des choses ! » Philippe Gaillard connaît la recette pour gagner à Dijon-Prenois. « Souvent, comme on est pare-chocs contre pare-chocs, ça donne lieu à des passes d’armes assez sympathiques du freinage des Gorgeolles jusqu’au virage de la Combe. », confie le pilote dijonnais à Thomas Désarménien, véritable encyclopédie du tracé dijonnais. 

« Il n’est pas rare de se doubler une fois, deux fois, trois fois… Et là, c’est sensationnel. Pas forcément au niveau du spectateur car il ne le voit pas. Mais en tant que pilote, je peux vous dire qu’il s’en passe. » L’ancien membre du Sébastien Loeb Racing apprécie particulièrement cet enchainement rapide du double-gauche de la bretelle au virage de la Combe. « Ce double-gauche arrive très, très vite. Si on se loupe ici, on n’arrive pas assez vite dans le virage de la Combe, qui conditionne la façon dont on va aborder la Courbe de Pouas (ndlr, le dernier virage du circuit). »

Coup de poker

Le champion de France GT3 2009 n’est pas le seul à avoir vécu de grands moments dans ce secteur. Mario Andretti a gagné le Grand Prix de France de F1 1977 dans le virage de la Combe, au culot. Ce week-end-là, le pilote américain (128 courses de F1 et 407 en Indy Car) a même signé un triplé pole position-victoire-meilleur tour en course. Sa victoire, il l’a acquise à la sueur du front. 

Après 63 tours collé au pare-chocs arrière de John Watson, Andretti parvient finalement à le dépasser à moins d’un kilomètre de l’arrivée. « Son Alfa-Romeo était très rapide dans la ligne droite de la Fouine. À chaque fois que je pensais pouvoir le doubler à l’entrée du double-droite de Villeroy, j’arrivais au rupteur », se souvient-il. Il fallait donc trouver l’endroit parfait pour surprendre le Britannique sans que celui-ci ne rattrape son retard dans la ligne droite.

Mario Andretti opte pour la stratégie risquée : il attend alors le dernier tour pour porter son attaque. « Dans le virage à droite légèrement en redescente (ndlr, le virage de la Combe), je l’ai dépassé par l’autre côté et suis ressorti du virage en tête. Il a par la suite trouvé comme excuse qu’il était en train de tomber en panne d’essence mais je pense que je l’ai vraiment surpris. J’ai ensuite pu créer un écart suffisant pour ne pas être aspiré dans la ligne droite. Ce fut une belle victoire. » Un coup de poker peu connu du public mais dont le pilote se souvient encore une quarantaine d’années après. Un succès à Prenois, ça ne s’oublie pas.