Avec son exposition-événement sur l’art de paraître au XVIIIe siècle (jusqu’au 22 août), le musée des Beaux-Arts de Dijon donne à voir l’évolution de la société, de la politique et des mœurs. Illustration en quatre sections et autant d’œuvres exceptionnelles.
Section 1 – Phénomènes de mode
Cette première partie de l’expo illustre l’accélération des phénomènes de modes, autant en peinture que dans le vêtement, sous l’effet d’une compétition entre une noblesse déclinante et une haute bourgeoisie pleine de ressources. Mode devient une culture partagée, langage élitiste deuxième moitié du XVIIIe. Reine Marie-Antoinette n’avait-elle pas une « ministre des modes », l’extraordinaire Rose Bertin ? C’est la nouvelle logique du paraître et de la séduction.
Section 2 – Les peintres et la fabrique de la mode
Un focus particulier est fait sur les peintres comme acteurs de la mode. Les portraitistes donnent à leur modèle une aura de luxe, entre textiles soyeux et ornements précieux (velours, fourrures, broderies d’or et d’argent, étoffes)… Ces mises en scène spectaculaires montrent une bonne société qui se contemple, jubile de sa position sociale et se montre inventive pour se démarquer. Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, de nombreux artistes, dont le talentueux et prolifique Watteau de Lille (1731-1798), mettent leurs crayons au service de la toute nouvelle presse de mode.
Section 3 – Fantaisie d’artistes
Ce chapitre explore les liens entre des mondes imaginaires picturaux et des vêtements devenus emblématiques comme les costumes de théâtre, d’Arlequin ou le corps à baleines aux rubans érotisés. La société du XVIIIe siècle, friande de spectacles en tout genre, se met en scène. Tableaux, mode, bals, spectacles, salons, promenades, cette nouvelle « culture de la mondanité » ouvre le champ aux travestissements et aux déguisements. Les fêtes galantes, comme pratique sociale et comme genre pictural (Watteau, Lancret), mêlent alors costumes anciens du XVIIe siècle et habits contemporains, flamands et français, réels et de fiction, avec de nombreux emprunts à la Commedia dell’arte (amusements théâtraux, vestiaires scéniques).
Section 4 – Une histoire du négligé-déshabillé
L’exposition consacre un chapitre entier à l’évolution du négligé-déshabillé au cours du XVIIIe siècle, mettant en scène une « galerie blanche » de tableaux et costumes confrontant des images de vestales, portraits et scènes de genre… Pour la première fois dans la scénographie de la mode et de la peinture des Lumières, cette évolution de la perception de l’intimité et du « naturel », tant du point de vue des artistes que de la mode, sera mise en perspective pendant tout le siècle. La robe de chambre devient l’attribut des beaux esprits comme en témoigne Diderot, avec son emblématique Regrets sur ma vieille robe de chambre (1768-1769) et son portrait par Van Loo. Le monochrome blanc est une ode à la simplicité et à l’épure.