Siège de la préfecture de Côte-d’Or depuis 1800, l’Hôtel Bouhier de Lantenay est l’œuvre conjointe de l’architecte Nicolas Lenoir, dit Lenoir le Romain, élève de l’académie de Rome et de son commanditaire, Bénigne Bouhier, brigadier des armées du roi qui n’y aura séjourné que 5 semaines avant de s’éteindre en 1760. Une visite de l’architecture dijonnaise en partenariat avec le CAUE, éditeur de la Petite Histoire de l’architecture depuis l’an 100 (deux livrets sur Dijon et Beaune).
Quand en 1756, Bénigne Bouhier hérite de son cousin Jean de Berbisey, il décide d’acquérir l’endroit où se dresse depuis le XVIIème siècle l’Hôtel de Brion, une des plus vastes demeures laïques de Dijon, connue pour avoir été le lieu du crime en 1638 de Pierre Baillet, président au parlement de Bourgogne par son rival Philippe Giroux. Loué en partie au clergé, aux moines et à la noblesse, Bénigne Bouhier décide en 1756 de le faire détruire et d’y dresser un palais dans le digne esprit de l’architecture du Roi Soleil. C’est à un jeune architecte qu’il confie le projet: Nicolas Lenoir, appelé Lenoir le Romain pour mettre en évidence son instruction à l’académie de Rome.
La construction est rapide. Au début du mois de mai, l’heureux propriétaire prend possession des lieux et le 5 juin 1760, le Saint-sacrement est installé dans son reposoir. Véritable palais d’architecture néoclassique, l’hôtel particulier est composé d’un corps et de deux ailes réservées aux communs et aux domestiques.
Comble de malchance, Bénigne décède le 10 juin 1760, n’ayant profité de son hôtel que cinq semaines et c’est donc son fils, âgé de 37 ans, marquis de Lantenay qui en hérite et y loge sa mère jusqu’en 1770 tout en poursuivant les travaux d’aménagement (notamment la grande grille de fer forgé) avant de le céder aux Etats de Bourgogne en 1781 pour y loger l’Intendance, après une année de guerre d’influence entre Feydeau de Brou, Intendant opposé au projet et Bouhier de Lantenay, alors président du Parlement qui y voit une occasion de réaliser une excellent affaire.
L’affaire conclue, l’Hôtel est alors le siège de cinq années de travaux, jusqu’à ce qu’enfin les armes de Bourgogne trônent au-dessus du monumental portail. Entre 1790 et 1800, l’hôtel est à nouveau en travaux, cédé jusqu’à servir de local à grain. Mais la venue de Napoléon Bonaparte dans la nuit du 7 mai 1800 en change le destin: le 17 mai, l’Empereur décide d’y installer le préfet. En 1902, le bâtiment est de nouveau agrandi pour accueillir le Conseil général. L’Hôtel est Inscrit aux Monuments Historiques le 21 Novembre 1925, la façade et les toitures, le 24 avril 1937 et le Général de Gaulle y séjourna en 1959.