Le Consortium de Dijon expose Love, de l’artiste contemporain coréen Gimhongsok, à la Chapelle des Élus, jusqu’en janvier 2023.
Par Lucas Le Texier
C’est au sein de la discrète Chapelle des Élus, abritée au siège de l’Office de Tourisme de Dijon Métropole, rue des Forges, que s’est tenu le vernissage d’une pièce d’art contemporain. Sladana Zivkovic, vice-présidente de Dijon Métropole et déléguée au Tourisme, et Christine Martin, déléguée à la culture de la Ville, ont inauguré en présence de Franck Gautherot, membre fondateur du centre d’art contemporain le Consortium, la sculpture Love de l’artiste Gimhongsok datant de 2003.
Le sculpteur et touche-à-tout d’origine coréenne joue avec les codes de l’art contemporain en transformant ironiquement l’amour parfait du motif originel signé Robert Indiana en une idylle d’acier cabossée, semblant plus fragile et douloureuse. Franck Gautherot a d’ailleurs rappelé que Gimhongsok n’était pas le premier à manier la tôle : l’artiste César l’avait déjà fait pour sa Suite Milanaise au Consortium, dans les années 1990.
Des échanges entre le Consortium et le musée des Beaux-Arts
Si amusant soit le décalage entre cette chapelle construite au milieu du XVIIIe siècle, décorée par l’artiste dijonnais Claude Saint-Pierre, et l’œuvre de Gimhongsok, la juxtaposition du patrimoine historique dijonnais et de l’art contemporain apparaît autant comme une politique active de la ville qu’une volonté portée par le Consortium. En 2010, lors de la première biennale des musées intitulée « Tout garder ? Tout jeter ? Et réinventer », le centre d’art contemporain avait déjà occupé la chapelle grâce à un partenariat avec la municipalité afin d’accueillir la pièce du peintre et sculpteur minimaliste américain Carl Andre, Outer piece réalisée en 1983. « À notre époque, il est indispensable que les œuvres nouvelles et notre patrimoine dialoguent ensemble », a rappelé Christine Martin.
Grâce à sa collection de plus de 400 pièces, le Consortium peut ainsi mettre à disposition de la ville le travail de conservation entrepris dès les prémices par l’association gérant le centre, le Coin du miroir (lire encadré). Et quel meilleur endroit que le Musée des Beaux-Arts, un lieu qui semblait prédestiné pour faire dialoguer l’ancien et le moderne ? Déjà en 1983, avec le soutien du directeur du musée de l’époque Pierre Georgel, le Consortium avait présenté aux Beaux-Arts l’exposition « Présence discrète » qui faisait s’incruster parmi les œuvres classiques une trentaine de pièces d’artistes contemporains.
Actuellement, le centre fait bénéficier le musée de deux œuvres réalisées par les Français Marc-Camille Chaimowicz et Bertrand Lavier, salle Lapicque. Le partenariat s’annonce prometteur car le Consortium envisage d’accueillir en retour les œuvres du Musée des Beaux-Arts, preuve s’il en est pour Franck Gautherot et son équipe que l’art contemporain n’est pas une rupture mais une continuité avec les traditions classiques.
Le Coin du miroir souffle ses 45 bougies
À l’origine du Consortium, on trouve deux jeunes étudiants fraîchement diplômés de la faculté d’histoire de l’art de Dijon. Franck Gautherot et Xavier Douroux créent l’association du Coin du miroir en 1977, avec l’idée de faire venir jusqu’à Dijon des pièces d’art contemporains. Sans le sou, les deux amateurs d’art parviennent pourtant à installer des expositions dans la petite salle au premier étage d’une librairie rue Chabot-Charny, juste en face de la faculté de sciences humaines. Vers la fin de l’année 1983, l’association, épaulée par À la limite, composée d’étudiants des Beaux-Arts, et Déjà-vu, collectif féminin liée à la photographie contemporaine, déménage dans un local rue Quentin où le triumvirat profite enfin d’un espace de 350 m² pour accueillir de plus grands travaux. Le Consortium était né. Labellisé en 1984 « Centre d’art contemporain » par le ministère de la culture, l’ambition du Consortium se concrétise dans la création d’œuvres nouvelles par des artistes invités. À partir de 1989, le centre dispose d’une succursale, rue de Longvic, où elle s’installera exclusivement en 2011. Entre temps, le Consortium aura intégré Eric Troncy à l’équipe en 1996, créé une maison d’édition pour mettre sur papier ses catalogues, Les Presses du réel, et une société de production pour distribuer ses films, Anna Sanders. Disposant d’une collection originale et d’envergure internationale (comme la prouve l’article du New York Times), le Coin du miroir et son Consortium ont réussi à s’imposer dans les milieux de l’art contemporain et continuent de faire rayonner la création artistique dans la capitale des Ducs.
Chapelle des Élus : 11 rue des forges, 21000 Dijon
Ouvert du lundi au samedi de 9h30 à 18h30 et le dimanche de 10h à 18h. Accès libre.