Depuis deux ans, le dépôt de marque « Dijon » par une entreprise chinoise de vins et spiritueux constituait une menace pour le syndicat des fabricants du cassis de Dijon. Ce dernier vient d’obtenir gain de cause. La crème de la crème, c’est ici et pas ailleurs !
Depuis un arrêté du 7 août 2013, l’Inao reconnait officiellement l’indication géographique « Cassis de Dijon ». Pour faire simple, cela veut dire qu’on ne produit pas n’importe où, n’importe comment, cette crème de la crème du patrimoine bourguignon. Tartempion s’expose donc à des poursuites s’il capitalise, d’une manière ou d’une autre, sur cette géographie avantageuse alors qu’il évolue hors du cahier des charges. À l’échelle du monde, nombre de faussaires tentent de passer entre les gouttes pour détourner cette valeur ajoutée. Cela nous rappelle une visite dans le bureau du directeur du BIVB où trônent, tels des trophées du ridicule, d’invraisemblables bourgognes « made in China », en forme de bouteilles bordelaises (!) ou mentionnant un assemblage de cépages fantasques.
Claire Briottet veut éviter cette zizanie. À son arrivée l’an passé, la présidente du syndicat des cassissiers dijonnais (composé des maisons Gabriel Boudier, Briottet, Lejay-Lagoute et L’Héritier-Guyot) a fait de la protection de la marque « Cassis de Dijon » une priorité, sur fond de concurrence internationale pas toujours loyale. Illustration en juillet 2019, quand l’Inao eut vent du dépôt en cours de la marque « Dijon » par une entreprise chinoise de vins et spiritueux. Une menace directe pour l’IGP. Imaginez un peu : des bouteilles de vin, liqueur ou spiritueux auraient pu faire mention de la ville sans aucun lien avec elle, alors que les cassissiers habilités doivent nécessairement produire dans le périmètre communal. « Cela questionnait plus globalement la protection et l’usage commercial du nom de notre territoire, en France et dans le monde », poursuit le syndicat, qui avait donc saisi, avec le soutien de l’Inao, la China National Intellectual Property Administration. François Rebsamen, au nom de la Ville et de la Métropole, avait aussi appuyé la démarche auprès du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. Au bout de ces deux années de procédure, l’administration chinoise a tranché, invalidant cette tentative de dépôt. Dijon 1, Chine 0. « Au-delà du cas d’espèce, cette victoire est symbolique ; elle est celle de la protection du nom du territoire en tant que marque à l’international. Elle souligne que les acteurs sont pleinement mobilisés pour empêcher toute velléité de ce type et rappelle la nécessité d’une veille juridique constante », estiment enfin les producteurs de cassis victorieux.