Me Alexandre Misset : « L’avocat est un chef d’entreprise »

Une entreprise ne peut vivre seule dans sa tour d’ivoire, elle a besoin de conseils. L’avocat fait partie de l’équation, surtout quand il faut affronter la tempête. Me Alexandre Misset, avocat au barreau de Dijon, en témoigne.

Me Alexandre Misset est avocat au barreau de Dijon. © Franck Putigny / DBM

Le métier d’avocat ressemble à un exercice solitaire. Pourtant, n’est-il pas un chef d’entreprise comme un autre ?

Me Alexandre Misset : « On parle de la solitude du chef d’entreprise. Effectivement, c’est un exercice solitaire, même si l’avocat peut travailler en tant qu’associé dans un cabinet où d’autres confrères exercent. Cela est certainement dû à la responsabilité des décisions qu’il a à prendre pour ses clients et à la prise en charge de leurs problématiques. Cependant, concernant la direction de son cabinet, l’avocat reste un chef d’entreprise. Peut-être pas comme un autre, car il est censé mieux connaître l’environnement juridique dans lequel toute entreprise doit nager. 

Le droit des affaires est associé à la gestion des ennuis. Une entreprise a-t-elle besoin d’un avocat même quand « tout va bien » ? 

Il est vrai que le premier réflexe est d’avoir recours à un avocat lorsqu’un contentieux éclate quelle que soit son origine, fiscale, administrative, civile, pénale… Cependant, les meilleures entreprises ont toujours recours à un avocat quand tout va bien, c’est-à-dire hors période de contentieux, ne serait-ce que pour se réorganiser, s’agrandir, faire entrer des associés, réaliser une fusion-acquisition… bref, toute perspective de développement de l’entreprise. L’avocat est aussi là au quotidien pour guider une entreprise ou valider un projet. Il évite ainsi d’éventuel tracas… 

Quand le bateau tangue, tous les soutiens sont bons à prendre. Quel levier représente l’avocat dans le cadre d’une procédure de sauvegarde ? 

L’avocat qui maîtrise la « houle » des procédures collectives (sauvegarde, redressement judiciaire, liquidation judiciaire, mais n’oublions pas le mandat ad hoc et la conciliation) est un avantage considérable, car il va non seulement éclairer le chef d’entreprise, mais également les salariés qui travaillent avec lui, ainsi que tout l’environnement dans lequel il se trouve. Lorsqu’il connaît les arcanes du Tribunal de commerce ainsi que les intervenants dans le cadre de cette procédure, il permet de préparer les décisions à prendre. Plus spécifiquement pour la sauvegarde, il guidera l’entreprise qui n’est pas en état de cessation des paiements afin qu’elle évite cette situation et qu’elle anticipe les difficultés.

À titre personnel, vous défendez les intérêts de nombreuses communes. Un maire a-t-il les mêmes soucis qu’un dirigeant ?

De par la complexité des textes de loi et des transferts de compétence au maire, celui-ci devient aujourd’hui un véritable dirigeant. Cependant, à la différence d’un chef d’entreprise, il doit faire primer l’intérêt général. Dans les communes où les services juridiques ne sont pas développés et ne permettent pas une prise de connaissance en amont de la prise de ces décisions, l’avocat est un atout important. Il évite notamment que les décisions prises par le maire soient annulées par le juge administratif. Il permet aussi de vérifier si la commune est respectée dans la totalité de ses droits, notamment au regard de certains revenus qui lui sont dus et qui peuvent parfois être négligés. »