Le nouveau patron de France 3 Bourgogne-Franche-Comté arrive à Dijon en plein chambardement viral et remise en question de l’approche territoriale du service public de la télé. Michel Barthen a l’épaisseur et la sagesse qu’il faut pour relever un tel défi.
C’est une force tranquille qui a pris place à la tête de France 3 Bourgogne-Franche-Comté. Michel Barthen connait une carrière bien tracée au sein de la télé régionale. Dans l’est de la France, quasi exclusivement. Journaliste à Besançon de 87 à 90, rédac chef adjoint et rédac-chef magazine pendant onze ans à Reims et Nancy (où il croise une première fois Samuel Peltier, auquel il succède désormais), il retourne à Reims pour prendre la rédaction en chef de la station.
Réglée comme du papier à musique, la carrière d’un homme (ou d’une femme) de la télé régionale contourne les enracinements. Délégué régional à Dijon, Strasbourg puis Reims, Michel Barthen décroche le graal d’une direction régionale à Nantes, une entorse à son indéfectible parcours d’homme de l’est.
Non à l’anxiogène
Cela dit, Dijon ne l’a pas laissé insensible. Journaliste dans l’âme, Michel Barthen a gardé « de très bons souvenirs en Bourgogne et en Franche-Comté, c’est une région qui a de fortes particularités, les paysages sont beaux, j’adore les fromages, du mont d’or au comté en passant par l’époisses. » Tant mieux ! Un homme qui aime le fromage ne peut pas être mauvais.
Michel Barthen a donc débarqué à Dijon, dans le grand cirque sanitaire que l’on connait : « Une entreprise doit avant tout protéger ses salariés, et les mesures à mettre en place face à cette situation ont été la priorité des priorités. » Il est là, avec l’essentiel de sa carrière derrière lui. Rien à prouver. Rien à renier. Cette situation « privilégiée », surtout pour celui qui a la hauteur de vue de l’expérience, passe par une précaution évidente : « Éviter tout ce peut être anxiogène, essayer de comprendre, s’interroger. »
Oui au retour à la région
Le directeur régional de France 3 Bourgogne-Franche-Comté a déjà l’avantage de raisonner en tant que journaliste. Il croit en « l’info vérifiée dans les médias par des professionnels » et bénit le travail de terrain. Ça tombe bien. Le numérique change les réflexes, y compris dans la saisie de l’image. Le site d’informations est une traduction de cette évolution. « 4,6 millions de visiteurs uniques du premier au 20 janvier, 269 000 au quotidien », pour une veille informative qui mobilise trois journalistes et un éditeur. Et une conclusion qui s’impose d’elle-même : « France 3 passe de chaîne nationale avec des décrochages régionaux à chaîne régionale avec des décrochages nationaux. »
Illustration de cette mutation en profondeur : la grande nouveauté en 2021, c’est le 18h30, qui permet de rallonger le temps de diffusion du soir pour les régions. Au quotidien, la télé régionale raconte alors une histoire dans un lieu et/ou autour d’un événement de Bourgogne-Franche-Comté. Une équipe de dix professionnels est mobilisée sur ce format 20 minutes au quotidien, qui va replacer l’église feue cathodique au milieu du grand village des auditeurs de la province.
Être plus présent sur le sport et le spectacle du vivant sont les autres ambitions du renouveau de France 3. La chaîne régionale a aussi trouvé un moyen pratique de conserver de l’espace-temps, en transmettant, chaque matin et en direct, les journaux de France Bleu. France Bleu Dijon ouvrira le bal en mai, sans doute suivie de Belfort et Besançon en juin, puis Auxerre. Rien d’original au fond, si l’on regarde l’histoire de la radiodiffusion-télédiffusion régionale du tout début. Signe, peut-être, que le bon sens médiatique est définitivement revenu.