Ou comment Marion Campay, une jeune anthropologue passionnée, s’est jetée corps et âme dans les bourrées et autres polkas, pour finalement poser un regard actuel sur le patrimoine vivant que représente à ses yeux la danse trad’ en Bourgogne.
Marion Campay a grandi dans la Nièvre, près de Nevers. Diplômée en anthropologie de la danse, cette passionnée de danse contemporaine a découvert le « trad’ », par hasard, en 2007, en marge d’une étude universitaire. Jamais à vrai dire elle n’avait entendu parler de ces danses traditionnelles bourguignonnes. Marion a alors le coup de foudre pour cet art populaire et son univers, qu’elle ne quitte plus depuis. Rapidement embauchée à la Maison du Patrimoine oral à Anost, elle découvre un répertoire, apprend la pratique, rencontre ceux qui la font vivre…
Aujourd’hui, celle qui publie un ouvrage de réflexion et d’analyse sur la question, La danse trad en Bourgogne, un patrimoine vivant, raconte : « Je me suis aperçu qu’il n’y avait aucun livre sur les danses trad’ de Bourgogne. Dès que j’ai commencé à baigner dans ce milieu, j’ai voulu savoir qui étaient les pratiquants, quels étaient leurs discours. J’ai alors fait passer des questionnaires dans les quatre départements, pour en savoir plus sur les danseurs, leur âge, leur motivation… Une sorte d’état des lieux que j’ai rapidement complété par des rencontres, des recueils de témoignages. » Pour ce projet, Marion a bénéficié d’une bourse d’étude de la part du Centre national de la danse (CND) de Pantin. Et tout s’est enchaîné très vite : « En juin dernier, à Corbigny, j’ai invité des danseurs traditionnels à rencontrer d’autres pratiquants, des danseurs de hip-hop par exemple. Ils se sont rapidement découvert des points communs. »
Dès le début, cette scientifique passionnée n’a pas voulu faire une recherche historique sur les danses, mais parler de ce qu’elles sont aujourd’hui. « Je me suis très tôt aperçu que, tout comme les autres danses, le trad’ bourguignon évoluait rapidement, mais qu’en même temps il plaisait toujours autant. J’ai mesuré aussi combien il avait un rôle social, combien il s’adapte à la société d’aujourd’hui. C’est d’ailleurs pour cela qu’il continue de plaire. » Au terme de cette étude passionnante, Marion Campay semble plutôt optimiste sur l’avenir de la danse traditionnelle en Bourgogne : « J’ai envie de dire aux danseurs : qu’ils assument pleinement la pratique qui est la leur aujourd’hui, ses évolutions, son mode d’apprentissage. »
* La danse trad en Bourgogne, un patrimoine vivant, par Marion Campay, illustrations de Valérie Edern, édité grâce au concours du Conseil général de la Nièvre et de Liaisons Arts Bourgogne. Livre disponible auprès de la Maison du Patrimoine oral à Anost (03.85.82.77.00 ou www.mpo-bourgogne.org).