Noël Lazarini, 40 ans, prend ses marques à la direction du Grand Hôtel La Cloche. Originaire de Corse, rompu aux grandes références de l’hôtellerie-restauration, ce passionné de son métier veut continuer à faire briller, avec ses équipes, le mythique établissement. L’air de Dijon lui va déjà bien !
Les journalistes et blogueurs de la ville n’ont pas manqué de le solliciter. Depuis le mois d’avril, jour après jour, Noël Lazarini mesure l’effet produit par le changement de direction du seul cinq étoiles de Dijon. Normal, avec vingt-six ans de service au compteur, une rareté dans le métier, son prédécesseur et jeune retraité Antoine Muñoz a marqué une époque. Au sein du vaisseau amiral de la famille Jacquier et de son groupe Hôtels Bourgogne Qualité, la suite était attendue.
Noël Lazarini se glisse respectueusement dans le cours de cette histoire, sans renier son caractère forgé au fil d’une carrière impeccable, très tournée vers les belles tables. La première des priorités est de faire corps avec des équipes « attachées à La Cloche, qui n’ont connu qu’un directeur », soit près de 80 personnes tous métiers confondus. Cette phase d’apprivoisement mutuelle est d’autant plus sensible après la perte brutale du chef Aurélien Mauny. Le nouveau directeur se montre évidemment sensible à ce contexte.
Les petits détails
Les échanges plus ou moins formels vont donc bon train. Le client demeure la seule boussole possible. Quelques réajustements sont déjà visibles, ces « petits détails cinq étoiles qui donnent envie de venir ici plus qu’ailleurs » : les mignardises maison servies avec le café « pour valoriser le travail de notre cheffe pâtissière », la présence de pain frais en permanence grâce à un boulanger partenaire… et d’autres changements à venir certainement. Patience. Chaque chose en son temps.
Noël Larazini, on a failli oublier de le préciser, est corse. Ses idées sont claires comme les eaux de Sisco, beau village côtier qui entaille les montagnes du Cap corse, au nord de Bastia. L’hôtellerie restauration est une passion intime. Aucun atavisme, assure-t-il, avec une maman coiffeuse et un père militaire, ayant notamment dirigé l’Institution de gestion sociale des armées (IGESA) et ses 60 établissements dans le monde.
Un retour à taille humaine
Sorti de l’école hôtelière de Bastia, le jeune Noël a franchi le cap, son Cap, à 21 ans pour le Martinez de Cannes et son deux étoiles Michelin. Le commis a découvert la pression des coups de feu et « la gestion d’un pass de 300 assiettes ». Il sait donc de quoi il parle. La suite ressemble à du velours, de Relais & Châteaux en 4 étoiles, de la Côte-d’Azur à Paris, où il se confrontera aux grands standards internationaux de l’hôtellerie (Hyatt Paris Madeleine, Sofitel Le Faubourg, Molitor) et dernièrement au Pullman avec ses 430 chambres, en face de la tour Eiffel. « De beaux établissements qui font briller les yeux », estime le néo-Dijonnais, soucieux malgré tout, la quarantaine arrivée, d’un retour à « un établissement et un cadre de vie à taille humaine ».
Cette aspiration n’est pas étonnante. Elle est aussi en phase avec les évolutions de l’hôtellerie post-Covid, une époque on ne peut plus riche d’enseignements, « avec zéro client, des frigos pleins au moment du confinement et un millier d’œufs sur les bras à distribuer aux équipes », se souvient encore Noël Lazarini. Ce qui fait remonter à la surface une anecdote livrée par son patron Patrick Jacquier (lire notre interview ici), lequel s’interrogeait sur la façon de fermer un hôtel qui, par définition, demeure ouvert jour et nuit…
Au Grand Hôtel La Cloche, rattaché à la marque MGallery du groupe Accor, le nouveau directeur veille donc sur 88 chambres dont 5 suites, un restaurant, un bar, un fumoir, un spa, des caveaux, une boutique de vin et 600 m2 d’espaces réceptifs. Ce panel offre la possibilité d’un raisonnement très transversal, avec une marque « by La Cloche » porteuse de sens. Noël loue d’ailleurs le grand mérite de son prédécesseur « d’avoir ouvert la Cloche aux Dijonnais, ce qui n’était pas forcément le cas avant m’a-t-on dit, alors que cela me semble aujourd’hui tout à fait naturel ».
Le trajet à pied !
Curieux des gens et des choses, le nouveau directeur promet aussi de vivre pleinement la région. En amateur de bonne chère et de vins, ce motard a déjà pris un week-end pour s’émerveiller le long de la route des Grands Crus et se balader dans Beaune. Il se dit surtout charmé par le centre apaisé de Dijon et par une métropole « qui mériterait de briller encore plus, au niveau national voire international », dont il perçoit déjà « le potentiel sur le plan des congrès et séminaires ». Tout juste s’amuse-t-il de cet hiver qui semble durer longtemps en Bourgogne. Cela passera !
Installé tout près, Noël Lazarini redécouvre enfin le bonheur simple d’aller travailler à pied. « Je voulais être dans Dijon. J’avais fait le même choix à Paris, en plein milieu du 11e arrondissement… avant de vouloir m’en extraire et accepter les 45 minutes de métro. » De ce point de vue, la cité dijonnaise offre un nouvel air bienvenu.
En dates clés : le Grand Hôtel La Cloche à Dijon
1884 : naissance de l’établissement « La Cloche » place Darcy
1973 : fermeture de l’hôtel qui ne trouve pas de repreneur. Un promoteur présente un projet de démolition.
1974 : deux associations locales se créent pour sa sauvegarde. La société Marcel Gorges établit un projet de rénovation.
1979 : le permis de construire est accordé, sous le contrôle des Bâtiments de France
1982 : le Grand Hôtel La Cloche rouvre ses portes
1984 : la famille Jacquier acquiert l’établissement
1986-1996 : le restaurant est conduit par le chef doublement étoilé Jean-Pierre Billoux
2013-2016 : l’établissement est entièrement rénové
2017 : création du spa et du bar
2021 : ouverture de la boutique de vins 20 by La Cloche, rue Devosge
2023 : rénovation des suites (voir notre reportage)
31 mars 2024 : départ en retraite d’Antoine Muñoz, après 25 années de direction, arrivée de Noël Lazarini