La nouvelle communauté de communes Norge et Tille fait le lien entre la métropole et les grands espaces qui l’entourent. Mais plutôt que de cultiver une vaine et caricaturale opposition à un urbanisme gourmand, NeT veut voir clair sur le destin de ses 16 000 administrés. Dixit son président Ludovic Rochette.
Par Dominique Bruillot
Pour Dijon-Beaune Mag #71
Ludovic Rochette : « Pour organiser cette fusion, on a fait un travail de chien ! »
Patrick Morelière : « Oui, on a mis les mains dans le cambouis… »
Ludovic Rochette : « On avait tout pour s’engueuler ! »
Patrick Morelière : « Sûr, mais aujourd’hui on en ressent les effets, dans le domaine sociétal notamment, les crèches fonctionnent bien… ». Respectivement président et troisième vice-président de la communauté de communes Norge et Tille, entendez « NeT », qui regroupe depuis le 1er janvier 2017 le Val de Norge et la Plaine des Tilles, les maires de Brognon et Arc-sur-Tille font le constat du chemin parcouru. L’un comme l’autre s’accordent à le dire : l’objectif n’est pas de s’opposer à la mante religieuse à laquelle pourrait s’apparenter la métropole, à celle qui « pourrait nous manger tout cru », mais au contraire, « d’entrer dans une discussion constructive avec le SCOT ». Ludovic Rochette a même une formule clé pour définir sa position : « Nous ne sommes pas « contre » mais « tout contre » la métropole ! »
« Pas question d’absorber Dijon ! »
NeT, en trois chiffres, c’est 14 communes *, 16 000 habitants et 125 kilomètres de campagne aux portes de la grande urbanisation. Rien que pour citer le cas d’Arc-sur-Tille, dont le maire est lui-même un ancien agriculteur, on recense encore sur son périmètre une quinzaine d’exploitations agricoles. L’aménagement de l’espace communautaire, le traitement des déchets et les actions de développement économique sont aussi les compétences régaliennes de la « comcom ». Mais c’est la réalité du quotidien des habitants qui nourrit en complément tout un lot de compétences facultatives adoptées pleinement par NeT. Ces dernières concernent notamment les restaurants et les transports scolaires, la mise en réseau des bibliothèques ou l’accompagnement financier des manifestations culturelles et sportives. La vraie vie au pays donc, à laquelle on peut être difficilement sensibilisé depuis la place de la Lib… Le sociétal et la petite enfance donnent une profonde consistance à ce nouveau territoire qui, armé de son poids humain et sa sensibilité propre, peut participer à la stratégie globale qui va de pair avec l’emballage métropolitain. Sous forme de boutade, Ludovic Rochette rappelle qu’il « n’a jamais été question pour NeT d’absorber la métropole, nous avons même fait le choix de rester dans le Schéma de cohérence territoriale (Scot) pour mettre en perspective et en commun nos possibilités de développement. »
Seul champ de tir
Situé à une poignée de minutes de la grande ville, desservi directement par l’A31, le territoire de NeT s’étale au nord et à l’est de Dijon. Il est même, si on regarde de près la situation des autres points cardinaux de l’agglomération, le seul champ de tir possible pour les grands développements. Mais dans le même temps, son attractivité repose sur le cumul de cette proximité et de l’apaisante atmosphère campagnarde qui le caractérise. À Brognon, par exemple, les tracteurs sont à peu près aussi nombreux que les résidences de médecins, signe qu’on s’y sent bien. « On ne demande pas un chèque, plaide Ludovic Rochette, on veut juste être dans un espace attractif où l’autoroute, la plaine et les grands projets sont harmonieusement dessinés. » Patrick Morelière est d’ailleurs le premier à reconnaître qu’une telle évolution a du bon. « Je suis un paysan déraciné : avant de venir à Arc-sur-Tille, j’étais à Quetigny, où j’ai dû abandonner ma petite parcelle que je vendangeais pour laisser pousser le Conforama », s’amuse le maire d’Arc, très attaché aujourd’hui à donner un nouvel essor économique à son gros bourg, sans en trahir la nature rurale.
Pour cela, 50 000 m2 de terrains seront bientôt disponibles dans le cadre d’une zone ouverte à des enseignes liées par exemple au bricolage et à la jardinerie, très prisées dans un secteur où l’on construit volontiers. Autour de la locomotive Super U, elle-même emblématique de ce point de rencontre de la « rurbanité », un nouvelle ère se dessine dans la sagesse. Si les élus de NeT on fait un travail « de chien », il leur reste malgré tout pas mal de pain sur la planche. Avec un avantage de taille cependant : quel autre territoire de l’agglomération peut se vanter d’avoir une base nautique qui ressemble à la riviera dijonnaise (lire page 90) et une 2 x 2 voies rattachée à l’A31 qui porte le nom d’Arc ? C’est clair, c’est NeT.
* Arc-sur-Tille, Asnières-lès-Dijon, Bellefond, Bretigny, Brognon, Clénay, Couternon, Flacey, Norges-la-Ville, Orgeux, Remilly-sur-Tille, Ruffey-lès-Echirey, Saint-Julien, Varois-et-Chaignot.