Alors que les nostalgiques de la voiture ancienne et de la route nationale surfent sur la vague du vintage, DBM a traversé la Bourgogne via la RN6 comme au bon vieux temps d’avant l’autoroute. D’Auxerre à Mâcon, sur un parcours buissonnier en 12 étapes culturelles et gourmandes, rien ne sert d’appuyer sur le champignon, il faut savoir s’arrêter à point. En route !
1️⃣ Auxerre (Yonne)
0 km. Un coup de cœur pour la Scène des Quais (lascenedesquais.fr), une péniche café-théâtre qui s’est installée sur les quais de l’Yonne, surplombée par l’imposante cathédrale Saint-Étienne. Ysaline, c’est le nom du bateau, accueille une programmation multiple, avec une jauge de 90 places assises et une ambiance intimiste assurée. À chaque jour de la semaine sa thématique : jeune public (mercredi), théâtre d’improvisation (jeudi), humour et musique (vendredi et samedi), théâtre amateur (dimanche). Si vous passez par Auxerre en famille, suivez aussi les flèches de bronze scellées au sol. À l’effigie de Cadet Roussel, elles offrent un circuit de 5 km qui vous fera découvrir 67 curiosités de la ville (ot-auxerre.fr).
2️⃣ Accolay (Yonne)
22 km. La poterie d’Accolay, ça vous parle ? Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, des céramistes s’installent en nombre dans ce petit village de l’Yonne où une vieille usine désaffectée servira de lieu de création. Des bijoux, des boutons, des accessoires d’abord, dont certains séduiront un certain Christian Dior. Le succès est croissant. Des vases, des masques ou encore des personnages en fil de fer complèteront rapidement l’offre, exposée et vendue le long de la N6 jusqu’à la fin des années 80. Si vous passez par Accolay, installez-vous au restaurant de l’Hostellerie de la Fontaine pour une goûteuse fricassée d’escargots aux lentilles ou des œufs pochés à l’époisses de bon aloi. À la belle saison, si vous poussez jusqu’à Vermenton (à 5 min de route), le Parc des îles ravira toute votre petite famille.
3️⃣ Rouvray (Yonne)
69 km. En 1961, au plus fort de la vitalité de la RN6, Jean Loisier, fils d’une étoilée Michelin, ouvre en bord de route un restaurant français de grillades, préparées dans la cheminée directement devant les clients. Une bâtisse ronde, couverte de chaume, porte du Morvan oblige, baptisée La Courte Paille. C’est le début d’une belle épopée commerciale, puisque la chaîne Courtepaille comptera par la suite plus de 200 établissements à travers tout le pays. Rachetée parle groupe La Boucherie en 2023, l’enseigne n’en compte plus aujourd’hui que 87 restaurants.
4️⃣ Saulieu (Côte-d’Or)
5️⃣ Arnay-le-Duc (Côte-d’Or)
6️⃣ Lacanche (Côte-d’Or)
127 km. 21 février 2024. Dans un communiqué, le groupe Seb annonce avoir « engagé l’acquisition du groupe familial français Sofilac ». En lisant entre les lignes, on comprend que le groupe bourguignon devient le propriétaire de la marque Lacanche. Labellisée « Entreprise du patrimoine vivant », Lacanche est un des fers de lance de l’industrie bourguignonne depuis le XVIIIe siècle. Distribués aux quatre coins de la planète et adoubés par les professionnels, ses « pianos » gastronomiques sont aujourd’hui encore considérés comme le nec plus ultra de la cuisine. Le passé forgeron de ce village d’un peu moins de 600 âmes en a fait une marque de prestige. Et c’est toujours ici au bord de la rivière La Canche que l’histoire continue de s’écrire.
7️⃣ La Rochepot – Bel-Air (Côte-d’Or)
141 km. C’est ici que Montand, Bourvil et Delon tournèrent en 1970 la célèbre scène du Cercle rouge de Jean-Pierre Melville. C’est ici que, chaque deuxième samedi du mois entre avril et novembre, Automobiles d’origine et de collection (AOC) de Beaune accueille les passionnés de belles mécaniques. L’association a en charge d’animer la station-service rénovée au sommet de la montée de La Rochepot. L’histoire raconte qu’à la belle époque, cette station délivrait le plus fort litrage d’essence d’Europe ! L’entrée aux « Rendez-vous de Bel-Air » est libre et gratuite. Chaque matinée (de 9 h à 14 h) propose un thème différent sur un modèle, une marque, une couleur… Autos, motos, camions, ici tout les véhocules anciens ont le droit de cité.
8️⃣ Chagny (Saône-et-Loire)
157 km. Un haut-lieu de la gastronomie bourguignonne, porté par la Maison Lameloise, 3 étoiles au Guide Michelin, accompagnée par une jolie liste de belles tables : l’Auberge de la Musardière, Le Caboulot lyonnais, Le Grenier à sel… Avec un beau carnet de spécialités chagnotines en prime : le judru, un saucisson de porc charnu originaire d’ici, ou le chagnotin, pâtisserie au chocolat de la boulangerie Heroz-Rochette. À Chagny, on aime le bon et on le défend. Ronan, un Brestois pure souche, ne s’y est pas trompé en y installant une très belle poissonnerie. Et avec ça, vous boirez quoi ? Un Rully 1er cru Clos Saint-Jacques du domaine de la Folie, une autre belle adresse de la commune.
9️⃣ Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire)
173 km. Du 10 au 13 juillet, Chalon-sur-Saône a accueilli la 37e édition du festival Chalon dans la Rue (chalondanslarue.com) avec 150 compagnies françaises et inter-nationales, ainsi qu’un millier de représentations à travers la ville. Une reconnaissance méritée pour L’Abattoir de Chalon-sur-Saône, devenu en 2005 un centre national des arts de la rue et de l’espace public de France. S’arrêter à Chalon-sur-Saône, c’est aussi franchir la Saône pour passer un moment sur l’île Saint-Laurent, entre patrimoine et bonnes tables. Rue de Strasbourg, vous pourrez faire étape à l’Épicurieux, la jolie adresse du chef Yoan Romain, dont la cuisine rend hommage à sa Côte-d’Azur natale. Dépaysement assuré.
🔟 Laives (Saône-et-Loire)
C’est vrai, Laives n’est pas vraiment sur l’ex-RN6… Mais cette adresse « mérite le détour », aurait écrit un célèbre guide. À Laives, à mi-chemin entre Chalon et Tournus, les vacanciers en goguette connaissent bien L’Atelier du relais. La famille d’Hortense Faucher en a fait un havre de paix, que l’on recommande uniquement aux bons amis, façon « trésor caché ». La gentillesse et le sens de l’accueil sont ici des vertus transmises d’une génération à l’autre. En rénovant magnifiquement la vieille grange attenante, tout en menant de front un très honorable projet viticole sur les hauteurs environnantes, Hortense la néo-vigneronne a créé Les Vignes d’Hortense, un lieu magique entre table d’hôtes, bar à vins (plus de 400 références tout de même) et galerie d’art. Aux beaux jours, la terrasse est un bonheur, tout comme l’univers coloré et voyageur du chef Gauthier. Et que dire du brunch dominical… Gros, gros coup de cœur !
👉 Du mercredi au dimanche – lesvignesdhortense.fr
1️⃣1️⃣ Tournus (Saône-et-Loire)
200 km. Envie de visite ? N’hésitez pas à pousser la porte du musée du Vélo (enviesdevelo.com) installé avenue de Lattre de Tassigny, le long de l’ancienne Nationale 6. Ce lieu original conserve plus de 200 bicyclettes, des centaines d’objets insolites et d’accessoires, ainsi qu’un espace dédié à l’essai de vélos insolites. Ce petit musée, c’est l’histoire de la passion d’un homme, le regretté Michel Greuzaud, un ancien boucher de la ville qui a souhaité que le public puisse profiter de sa collection. Tournus, c’est aussi la cité du peintre Jean-Baptiste Greuze. Un hommage lui est rendu sur les murs du Bouchon bourguignon, la seconde adresse de Yohann Chapuis, le chef du restaurant Greuze. Un délice pour les yeux comme pour les papilles !
1️⃣2️⃣ Mâcon (Saône-et-Loire)
230 km. La Bourgogne viticole se dotait il y a un an maintenant d’une Cité des Climats et vins de Bourgogne (citeclimatsvins-bourgogne.com) déclinée en trois centres d’interprétation de nos terroirs (Chablis, Beaune, Mâcon) proposant une offre unique de visites, d’ateliers et de rencontres. Dans la capitale saône-et-loirienne, le site est surmonté d’une vis de pressoir résolument contemporaine, dressée comme un phare sur les bords de Saône. C’est le point de départ tout trouvé d’une escapade sur la route des vins du Mâconnais-Beaujolais. Le long de cet itinéraire de 75 km, qui traverse 78 communes entre Saint-Gengoux-le-National et Romanèche-Thorins, vous croiserez des domaines viticoles, mais aussi des hauts lieux du patrimoine comme l’abbaye de Cluny ou la roche de Solutré.
Dans le rétro de Thierry Dubois
Un dessin de Thierry Dubois est un peu comme une reconstitution du passé : vêtements, bornes kilométriques, visuels publicitaires, plaques d’immatriculation… tout est là, exact et vérifié, l’esprit en plus, un petit truc qui s’appelle la nostalgie et vous embarque dans sa ligne claire comme dans le souvenir d’une époque révolue. Et pourtant, notre homme n’a rien d’un passéiste désabusé. Il sort dès qu’il le peut de ses planches et de sa banlieue parisienne pour aller se coltiner des bornes au volant de sa 404, juste pour le plaisir sinon pour se rendre à une des nombreuses manifestations qui ponctuent l’univers des fanas de véhicules anciens. « Plus que les belles carrosseries, c’est le goût pour l’histoire qui m’a poussé vers l’univers de la route », précise ce dessinateur et scénariste de bande dessinée. Au-delà de ses albums qui rendent hommage aux routes nationales 6, 7 ou 10, Thierry Dubois participe activement à la sauvegarde de tout ce patrimoine routier : « Le déclassement des routes nationales en départementales en 2004 a eu pour effet une prise de conscience générale de leur intérêt historique, patrimonial et touristique. » Pour qu’on continue à parcourir ces routes légendaires en jetant de temps en temps un regard dans le rétroviseur du passé.