Nouvelle IGP, nouvelle ligne de production… La ruée vers l’or jaune de Reine de Dijon

La moutarde a le vent en poupe en Côte-d’Or. Le nombre de producteurs a triplé en deux ans, tandis que de nouveaux marchés s’ouvrent aux entreprises locales. Reine de Dijon, troisième fabricant français de moutarde basé à Fleurey-sur-Ouche, a dû ouvrir une nouvelle ligne de production.

© Antoine Martel

Année des treize lunes ou pas, 2024 s’annonce tendue pour bon nombre d’agriculteurs de Côte-d’Or et d’ailleurs. Après un printemps interminable et un début d’été indécis, les perspectives de rendement inquiètent les paysans. Néanmoins, l’or jaune semble plus fort que Dame Nature cette année dans les champs côte-d’oriens. « Nous sommes 30 % au-dessus des rendements de l’an dernier, assure Damien Baumont, président de l’Association Moutarde de Bourgogne. Pour la première fois depuis quelques années, on va sans doute pouvoir honorer l’ensemble des commandes des industriels (ndlr, 12 000 tonnes). » 

Une filière relancée

Cette réussite est le résultat du pari de quelques industriels locaux, dont Reine de Dijon et son directeur Luc Vandermaesen (ex-président de l’Association Moutarde de Bourgogne), de relancer la filière au niveau local. En fixant le prix de la tonne de graines à 2 000 euros après la pénurie mondiale de 2022, l’AMB a réconcilié les agriculteurs côte-d’oriens avec l’or jaune. Résultat des courses : le nombre de producteurs de graines de moutarde a triplé entre 2022 et 2024 Côte-d’Or (472 dont 150 en bio).

Pari réussi, donc. Grâce à cela, Reine de Dijon propose de plus en plus de recettes à base de graines semées, cultivées, récoltées et stockées en Bourgogne. « Cela représente 25 % de nos graines en 2023, contre 35 % cette année. On espère atteindre les 50 % en 2025. », ajoute Noëlle Muller, responsable marketing du troisième fabricant français de moutarde

Saine et forte

Avec ses 90 recettes et plus de 18 000 tonnes de moutarde produit par an, le mastodonte de Fleurey-sur-Ouche met un point d’honneur à proposer des produits de plus en plus sains et locaux. C’est pourquoi Reine de Dijon a banni les conservateurs ainsi que les colorants et arômes artificiels de ses recettes en mars 2020. « Nous avons aussi supprimé les sulfites dans les recettes ne contenant pas de vin », ajoute la responsable marketing. Une décision qui leur a permis de passer du rouge au vert sur l’appli mobile Yuka (« une boussole pour beaucoup de gens qui font leurs courses »).

Noëlle Muller, responsable marketing de Reine de Dijon. © Antoine Martel / DBM

Une deuxième recette IGP chez Reine de Dijon

Avec Reine de Dijon, il y en a pour tous les goûts. Dans les rayons, les classiques IGP Moutarde de Bourgogne et moutardes au cassis sont souvent concurrencées par des recettes plus funky comme l’étonnante moutarde au mojito et la moutarde miel & épices bio. Néanmoins, le consommateur reste toujours plus attiré par les produits estampillés IGP, label européen garantissant un produit agricole et sourcé. Si l’IGP Moutarde de Bourgogne existe depuis 2009, une seconde recette Reine de Dijon revendique le macaron bleu et jaune depuis avril 2024 : l’IGP Moutarde de Bourgogne – Moutarde à l’ancienne. 

Une nouvelle ligne de production

En forme olympique, Reine de Dijon a ouvert une nouvelle ligne de production au printemps. Un investissement qui permet de désengorger les autres lignes, parfois saturées, et de fluidifier le travail de ses 177 salariés. L’usine de Fleurey-sur-Ouche, qui tourne 24 heures sur 24 « en trois-huit », voit 50 % de sa production partir à l’export chaque année, dans une cinquantaine de pays. « Cette nouvelle ligne de production va nous permettre d’obtenir de nouveaux marchés. » Reine de Dijon a bien raison de viser la lune, car comme dirait un certain Oscar Wilde, même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles.