À Nuits-Saint-Georges, le site archéologique des Bolards constitue un sanctuaire monumental d’exception, témoin de la richesse culturelle et cultuelle de la Bourgogne à l’époque gallo-romaine. Il fait l’objet d’une future valorisation.

Un panneau discret invite à s’engager, depuis la D35 au niveau de la rue Paqueriaud, sur un chemin à peine goudronné pour accéder au site archéologique des Bolards. Là, protégé par un maigre grillage, quelques alignements de pierres, des traces de colonnes, d’anciens murs dessinent une structure en hémicycle au sein de laquelle s’alignent quelques soubassements rectilignes. Ces vestiges sont ceux d’un très rare mithraeum, temple gallo-romain dédié à la déesse Mithra. Importé d’Asie mineure, le culte de Mithra, réservé aux initiés masculins, se pratiquait souvent dans des espaces souterrains et reposait sur des rites mystérieux, dont un banquet en l’honneur de Mithra égorgeant un taureau. Les soldats romains, principaux adeptes de ce culte, l’ont diffusé dans tout l’Empire.
Les Bolards, hors de la ville comme Janus ?
De l’autre côté du chemin, plusieurs petits bâtiments avec caves intriguent encore les archéologues. « Nous ne savons pas encore si ces structures servaient d’échoppes, d’ateliers ou de logements temporaires pour les pèlerins », précise Jean-Pierre Garcia, chercheur à l’Université Bourgogne Europe. Mis au jour courant XIXe siècle, les Bolards ont été partiellement fouillés entre 1964 et 1985 par les équipes du docteur Ernest Planson, puis de Colette Pommeret. Mais la surface exacte du site, ainsi que son organisation, restent encore méconnues. Un temps, il a été considéré comme appartenant à la ville de Vidubia, une statio (relais routier) située entre Chalon-sur-Saône et Langres, seule commune de Côte-d’Or avec Til-Châtel (Tilena) mentionnée dans les tables de Peutinger, copie du XIIe siècle d’une carte romaine sur laquelle figurent les villes principales de l’Empire romain et son réseau routier officiel (cursus publicus).
« Le site des Bolards n’est pas une ville, mais un sanctuaire important, poursuit le chercheur. Autrefois, on pensait que les grands sanctuaires étaient forcément au cœur des villes. Mais certains étaient établis à l’écart, comme le temple de Janus à Autun. » La découverte récente d’une ferme de grande taille au nord des Bolards, lors de fouilles liées à l’extension de la ZAE, laisse planer le doute. Les Bolards pourraient ainsi se trouver au centre de plusieurs fermes, selon le schéma classique des villes de l’époque.
Pèlerinage thermal
Outre le temple, les fouilles ont mis en évidence des pierres de sacrifice et des restes osseux, une statue de Mithra et une inscription dédiée à Mars Segomo, dieu guerrier vénéré en Gaule. À proximité du sanctuaire, les vestiges d’une nécropole d’enfants ont été mis au jour dans les années 1970, une découverte qui a contribué à l’essor de l’archéologie préventive en France. Plus loin, une grande villa gallo-romaine a été repérée à Premeaux-Prissey, non loin de la source de la Courtaveau, où l’eau jaillit à 16° C toute l’année. « Les eaux thermales étaient souvent associées aux cultes de guérison, comme à Santenay où l’on trouve un sanctuaire des eaux », note Jean-Pierre Garcia. L’idée que les Bolards aient pu être un lieu de pèlerinage dédié à la guérison se dessine. Néanmoins, le site reste largement sous-exploré. « Nous savons qu’il existe des vestiges gaulois sous la couche romaine, mais nous n’avons pas encore approfondi ces recherches », regrette Jean-Pierre Garcia.
« Des pièces éduennes, lingonnes et séquanes ont été découvertes sur le site, signe que diverses populations gauloises le fréquentaient », remarque Danielle Ratel, présidente de l’association culturelle archéologique des Hautes-Côtes de Nuits. Des interrogations subsistent aussi quant à l’étendue du sanctuaire et aux liens qu’il entretenait avec son environnement.
Une valorisation en cours
Le sanctuaire des Bolards fait désormais l’objet d’un renouveau archéologique et patrimonial. La ville de Nuits-Saint-Georges, en collaboration avec l’association de sauvegarde de Saint-Symphorien, la Drac et des chercheurs, travaille à sa mise en valeur. Des projets de fouilles complémentaires et la création d’un espace d’accueil touristique sont en discussion. « Ce site est une opportunité touristique pour Nuits. Le valoriser est un projet coûteux, à envisager sur le long terme », tempère le maire Alain Cartron.