« Monter à Paris ». Le rêve de bon nombre d’agriculteurs. Celui notamment de Fatah, héros de La vache, la comédie de Mohammed Hamidi qui a débarqué en meuglant sur nos écrans. Qu’en pense-t-on chez les premiers concernés?Un paysan et fils de paysan bourguignon répond.
Propos recueillis par Michel Giraud
La vie de Fatah, alias Fatsah Bouyahmed, va changer le jour où il reçoit une invitation pour se rendre au Salon International de l’Agriculture. Le rêve à portée de pis. Ce petit paysan d’origine algérienne va prendre le bateau jusqu’à Marseille, puis son bâton de pèlerin agricole pour traverser la France à pied, avec Jacqueline, sa vache, et présenter fièrement cette dernière au monde entier, Porte de Versailles.
Cette histoire, c’est le pitch de la dernière comédie de Mohamed Hamidi, sortie le 17 février dernier, avec Jamel Debbouze et Lambert Wilson. Une histoire drôle, tendre aussi. Certains agriculteurs y auront rapidement vu « encore une fois » des clichés sur leur métier. Camille Olivier, lui, a grandi avec son frère Ludo, dans les pas d’Isabelle et Sylvain, ses parents, au cœur de la Ferme Fruirouge au Hameau de Concoeur. Aujourd’hui, il fait partie intégrante de l’équipe. Du haut de ses vingt ans, il se revendique volontiers paysan, et fier de l’être.
Fier de monter à Paris
Le film, il l’a attendu avec impatience: « Je ne crains pas les clichés. Dans un film humoristique, ils me gênent moins que dans certains programmes de téléréalité ». Suivez mon regard! « J’aime bien l’idée qu’un petit paysan, avec très peu de moyens, puisse présenter sa vache à Paris. Et puis il y a cet attachement de cet homme pour son animal, il est réel chez bon nombre d’éleveurs. Ils sont très attachés à leurs bêtes, elles font partie de la famille. Après, c’est une comédie, il faut la prendre comme telle, mais je pense qu’elle peut plaire. »
Fatah rêvait du Salon de l’Agriculture, la plus grande ferme de France, du monde peut être même. À 2 ans, déjà, Camille y traînait ses basques: « Tout petit, je ne comprenais pas pourquoi les petits parisiens ne venaient pas voir les vaches chez nous dans les champs. Le Salon, c’est un super outil de promotion pour les filières, on partage la passion de notre métier avec le public, on fait comprendre aux enfants l’importance de nos métiers. Sans paysans, pas de nourriture! Mais pour les agriculteurs, c’est aussi un moment de fête. Pendant dix jours, on retrouve les amis, on échange, on discute, ça fait du bien. Longtemps, mon plus grand souvenir a été d’avoir assisté à une visite présidentielle du président Chirac lorsque j’avais 7 ou 8 ans! Je me souviens aussi lorsque tout gamin, on se levait à 4 heures du matin, pour prendre la route. J’étais fier de monter dans le camion, pour aller à Paris! Tout simplement! »
Souvenirs, souvenirs…