Jura et Grand Dole rejoints par la Côte-d’Or, la Saône-et-Loire et Dijon Métropole : les collectivités volent au secours de l’aéroport Dole-Jura. Cette future gouvernance partagée promet de sauvegarder et développer l’activité de la seule infrastructure régionale à opérer des vols commerciaux réguliers.
Là-haut, depuis les nuages, c’est un long serpent de mer dont on entrevoit peut-être le bout. Empêtré dans un « hub » où se confondent clivages politiques, enjeux économiques et revendications écologiques, l’aéroport Dole-Jura va bientôt connaître un nouveau destin impliquant un « portage commun » entre le Département du Jura (son propriétaire historique depuis 2007), les voisins de Côte-d’Or et de Saône-et-Loire, ainsi que le Grand Dole et Dijon Métropole.
Seul aéroport de Bourgogne-Franche-Comté habilité à opérer des vols commerciaux sur trois lignes régulières (Porto, Marrakech, Fez) et une ligne saisonnière en été (Bastia) via la compagnie Ryanair, Dole voit aussi passer quelques vols charters (Dubrovnik, Faro, Madère et Malte). En 2023, 125 000 passagers ont été accueillis sur la plateforme exploitée par Edeis.
Depuis des années, son financement fait débat entre la Région, compétente en matière de transport aérien, et le Département du Jura qui estime avoir assez mis la main à la poche. Les derniers travaux alourdissent le bilan : le parking a été entièrement revu en 2021 et l’aérogare fait actuellement l’objet d’une important modernisation. Une campagne chiffrée à 7 millions d’euros, supportés pour plus de moitié par le Jura. Un ultime coup de collier pour son président Clément Pernot, qui estime à plus de 30 millions d’euros la facture globale, entre dépenses d’investissement et frais de fonctionnement sur les quinze dernières années.
La Région dit non
Les vents ont longtemps été contraires sur ce sujet. En 2015, après avoir étudié les situations des aéroports de Dole et Dijon, la chambre régionale des comptes avait demandé l’arrêt des subventions attribuées à l’aéroport de Dole, pointant des « investissements publics locaux mal planifiés, faute de concertation entre les gestionnaires et les financeurs des deux aéroports distants de moins de 50 kilomètres », le tout face à la concurrence des plateformes européennes que sont Genève, Bâle-Mulhouse-Fribourg ou Lyon. Déshabillée de la BA 102, Dijon s’est depuis focalisée sur trois axes : le service public avec les vols sanitaires, l’aviation d’affaires et la gestion immobilière. Un boulevard pour Dole, « futur grand aéroport commercial dont la région a besoin », comme l’estimait en 2018 son directeur Jean-Jacques Berto ?
Que nenni, a répondu la Région Bourgogne-Franche-Comté et sa présidente Marie-Guite Dufay. Encouragé par les élus écologistes de la majorité, le conseil régional a coupé court aux subventions, avançant également l’argument d’un argent public indirectement capté par Ryanair, compagnie low-cost aux méthodes fiscales et légales discutables.
Le destin de l’aéroport dolois était donc suspendu à l’arrivée de nouveaux partenaires. Avec une échéance importante fixée à 2025, au-delà de laquelle l’équipement pourrait perdre son agrément. Une enveloppe de 15 à 20 millions d’euros sur une huitaine d’années est évoquée, alors qu’il faudra dans le même temps anticiper la fin de la délégation de service public d’Edeis en 2027.
Côte-d’Or, Saône-et-Loire et Dijon Métropole disent oui
Les astres des collectivités semblent s’être alignés. Avec le soutien du maire de Dole Jean-Baptiste Gagnoux, Clément Pernot a pris les commandes de ce dossier, embarquant ses homologues départementaux François Sauvadet (Côte-d’Or) et André Accary (Saône-et-Loire). La Côte-d’Or, pour ne citer qu’elle, représenterait à elle seule 30% du flux dolois.
Le sujet concerne a fortiori l’agglomération dijonnaise, à 40 minutes de la piste. François Rebsamen a tendu la main à Dole l’été dernier. Le président de la métropole bourguignonne milite en général pour l’ouverture de lignes, en particulier avec l’ouest de la France, alors que Dijon s’apprête à accueillir des instances internationales gourmandes de déplacements comme l’Organisation mondiale de la vigne et du vin (OIV).
Un transport pouvant en cacher un autre, cela croise d’une certaine façon la problématique des TGV, sur laquelle l’élu dijonnais et François Sauvadet font front commun, notamment en ce qui concerne le rétablissement de la liaison Dijon-Roissy-Charles de Gaulle-Lille, suspendue depuis la crise sanitaire.
En attendant que les rails se débloquent, dans le cadre d’une conférence de presse prévue ce vendredi 8 mars à l’aéroport de Dole-Jura, les collectivités concernées prendront un peu de hauteur et dévoileront les contours de cette alliance départementale et métropolitaine. Décollage imminent.