Quel avenir pour les véhicules utilitaires électriques ? Avec une cinquantaine de livreurs sous sa responsabilité, Grégory François a un avis sur la question. Le responsable de Cap Nord Livraisons a donc testé le Peugeot e-Expert 100% électrique pour un petit tour en campagne.
L’électrique, c’est chic. Tel pourrait être le nouveau mantra de la marque au lion, dont 70 % de la gamme (particuliers et utilitaires confondus) est déjà équipée de cette motorisation. Dans quelques années, de plus en plus de modèles seront électrifiés. Tel est le sens de l’histoire. Les 100 % devraient atteints dès 2025, prévoient les spécialistes. L’électrification des véhicules utilitaires est intéressante. Illustration avec le e-Expert, le deuxième de la famille après son petit frère Partner. Disponible en trois longueurs, revendiquant 330 km d’autonomie maximale pour 136 chevaux, le Peugeot e-Expert 100 % électrique peut aussi assumer 1200 kg de charge utile. En 2022, son cousin fonctionnant à l’hydrogène grâce à une pile à combustible rechargeable sera sur le marché professionnel. On n’arrête pas le progrès.
Grégory François suit tout cela d’un œil attentif. Le dirigeant de CapNord Livraisons entretient de longues relations avec les concessions Peugeot Dijon. En particulier du côté de Saint-Apollinaire, d’où son entreprise est originaire, car il apprécie « la qualité de service et une réactivité qu’on ne retrouve nulle part ailleurs ». Stéphane Dos Santos, chef des ventes B2B chez Peugeot Dijon, est son interlocuteur privilégié. Il connait bien l’histoire et la flotte de l’entreprise de livraison, qui est à la fois cliente et prestataire.
Coopérative qui monte
Cap Nord Livraisons est née de l’association de 8 artisans, en 2003, dans la zone d’activités Cap Nord de Dijon comme son nom l’indique. « Notre logo est une rose des vents à 8 branches, comme le nombre de sociétés qui composent la coopérative », précise Grégory, arrivé en 2004 « en tant que second salarié de la structure, pour finalement en prendre la direction dix ans plus tard ». Entretemps, ce garçon polyvalent eut pour mission de fédérer un réseau et de développer des circuits hors de la Côte-d’Or. Ce qu’il fit en direction de la Haute-Marne. Depuis, l’Aube, la Marne et même tout le territoire national pour certaines expéditions, ont rejoint l’expertise de Cap Nord Livraisons. Mine de rien, 45 chauffeurs sont sous sa responsabilité aujourd’hui. Et la société a déménagé son siège à Longvic depuis juillet, troquant son 600m2 pour un entrepôt de 2 000m2 disposant de 3 quais poids lourds. « Le top pour maîtriser l’arrivage de nos tractions de nuit et notre affrètement », apprécie l’essayeur du jour, dont le circuit est rodé depuis longtemps : des livraisons -3,5 t pour les pros, sur un rythme biquotidien. « On ramasse des colis le soir pour les livrer le lendemain matin ; même opération le midi pour livraison l’après-midi. » Simple, efficace. En apparence du moins.
Réciprocité commerciale
Aussi discrets qu’efficaces, Grégory et son équipe ont fidélisé un solide réseau. L’agilité de la structure est un grand avantage, qui séduit « beaucoup de garages et de concessions auto, qui ont un grand besoin de réactivité pour leurs pièces détachées ». Avec le groupe Chopard, propriétaire des concessions Peugeot Dijon, la réciprocité commerciale se vérifie au quotidien. « Nous travaillons beaucoup avec le groupe, particulièrement bien implanté en région, avec par exemple des livraisons dernier kilomètre depuis leur plateforme de pièces de rechange à Fauverney. »
Cap Nord Livraisons est en plein développement. Le besoin galopant des entreprises se fait sentir. « Certaines ont profité de la situation pour évoluer, en se faisant livrer beaucoup de matériel spécialisé ou de mobilier, nous étions aux premières loges de ce renouveau », détaille le dirigeant, soucieux de développer la partie messagerie (« du flux tendu, ce que l’on sait faire de mieux ») et s’ouvrir à la livraison de palettes grâce à cette nouvelle capacité de stockage.
Côté route, il faut aussi une flotte de qualité, renouvelée régulièrement. « Peugeot est une marque fiable, et le suivi des contrats est méticuleux. Notre obsession est la sécurité, l’optimisation du volume et la maîtrise de notre autonomie. »
Et les bornes ?
Dans ces conditions, l’arrivée des Zones à Faibles Émissions (lire encadré), peut redistribuer les cartes. « Nous devrons y passer, et en tant que chefs d’entreprise, nous devons aussi réfléchir à notre impact environnemental », assure Grégory François, assez fan de l’e-Expert 100% électrique, « même si ce gabarit en particulier est un peu petit compte tenu de nos réalités ; 15 m3 est un minimum ». La question des bornes de recharge à l’échelle départementale demeure elle aussi une grande inconnue pour le moment. Il faut aussi faire coïncider le temps de charge – « qui est un temps d’inaction pour l’entreprise » – et le travail effectif. Pas si simple, donc.
En toute circonstance, électrique ou pas, l’humain est au cœur du dispositif. Sur ce point, Grégory est intarissable : « Chacun connait par cœur sa tournée et ses interlocuteurs, notre réactivité est éprouvée. Le métier de livreur a mauvaise presse, mais je suis fier de pouvoir compter sur des collaborateurs sérieux, soucieux de bien représenter l’entreprise. » L’ancien rugbyman (il a joué au Stade dijonnais et du côté de Genlis) se rappelle aussi comment, un matin du 17 mars, le ballet des livraisons peut se paralyser brutalement. On comprend d’autant plus son goût pour l’esprit d’équipe.
Bientôt les ZFE
Selon le projet de loi « Climat et résilience », à l’horizon 2025, toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants devraient devenir des Zones à Faibles Émissions (ZFE). Tous les véhicules classés en Crit’Air 3, 4 et 5 sont ainsi dans le viseur, soit les motorisations essence d’avant 2005 ainsi que les diesels d’avant 2010. Ce qui représente peu ou prou 7 voitures sur 10 à l’heure actuelle, selon les dernières données du ministère de l’Écologie. En France, trois ZFE existent déjà : Paris, Lyon et Grenoble. Une métropole comme Dijon devra y passer aussi, ce qui entraînera inévitablement quelques adaptations du marché local de l’automobile.