Victime de phishing, le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) bataille ferme pour récupérer son compte Instagram et protéger ses 39 000 abonnés. Un scénario décrit comme « kafkaïen »…
L’affaire est tristement banale dans le merveilleux pays des réseaux sociaux. Il y a quelques semaines, les Vins de Bourgogne reçoivent sur leur compte Instagram un message d’avertissement signé Meta, le gestionnaire du réseau. Une alerte comme on peut en recevoir des pelletées chaque jour. En cause ? Un prétendu non respect de copyright, qui entrainerait une suspension du compte sous 48h. Une employée du BIVB veut faire les choses dans les règles de l’art. Elle s’applique à cliquer sur le lien et à remplir un formulaire de régularisation. Sauf qu’il s’agit d’une opération de phishing. Le faux Meta est en fait un hackeur, qui a désormais champ libre pour prendre le compte… à son compte. Tout cela intervenant la semaine de la triple inauguration de la Cité des Vins & Climats de Bourgogne. L’inquiétude est légitime.
La victime contacte illico Meta. L’échange est établi, il s’effectue en français, ce qui est plutôt bon signe quand on doit faire remonter un problème à une multinationale. Le BIVB prouve sa bonne foi et son antériorité légale. Après une longue série de « tu peux ou tu peux pas ? », l’issue est désespérante : le géant du web n’a rien fait d’efficace en l’espace de 17 jours.
1000 euros le compte
« On est chez Kafka », déplore Cécile Mathiaud, responsable des relations médias et des contenus au BIVB, surtout inquiète du sort de ses 39 000 abonnés. « Une communauté dynamique et très attachée à nos vins de Bourgogne, issue de nombreux pays, avec un taux d’interaction vraiment satisfaisant. » Près de dix ans de travail sont menacés par un petit malin bien décidé à rançonner… 1000 euros le compte. « On ne négocie pas avec les terroristes », plaisante malgré tout le BIVB, dont le pôle communication se serait bien passé de ce scénario digne d’un nanar américain.
Soucieux d’aller au bout de la démarche, les techniciens des Vins de Bourgogne vont même jusqu’à déposer une plainte en gendarmerie à Beaune. Ce qui donne lieu à d’autres scènes encore plus originales, aucun de leurs interlocuteurs n’étant vraiment habitué à ce genre d’événement…
La cyber-attaque fait pourtant courir le risque d’un piratage en chaîne, le compte volé ayant changé d’apparence et envoyant des notifications identiques à ses contacts. Nos données personnelles sont en ligne de mire.
En attendant, le BIVB s’est résolu à repartir de zéro avec le compte Instagram @vinsdebourgogne_officiel, que nous vous invitons à suivre. L’affaire est provisoire, espère-t-on à Beaune. Et si Mark Zuckerberg pouvait arranger ça contre une caisse de bourgognes ?