Les mille et une vies de la Place Bossuet

A chaque époque ses croyances religieuses et ses pratiques communes. Marché de l’étape, grand cimetière, lieu de passage… La place Bossuet, modelée et remodelée par les siècles, est un parfait témoin des évolutions sociales et économiques dijonnaises.

rue michelet 7

Chouette secret
Rubrique réalisée en partenariat
avec l’Office de tourisme de Dijon

Par Eva-Marie Debas

La place Bossuet, comme son nom l’indique, vit naître l’un des plus grands orateurs français, Jacques-Bénigne Bossuet, éminent homme d’Eglise sous Louis XIV. Pourtant, avant d’être dédiée à celui qu’on nomme « l’Aigle de Meaux », la place porta le nom d’Emile Zola. Bien avant encore, et ce pendant 14 siècles, elle fut la place Saint-Jean.

Outre son appellation pour le moins changeante, c’est surtout l’usage et l’esthétique de cette place que les Dijonnais ont bouleversé. Métamorphosée par des siècles d’histoire, elle n’a gardé de son passé « que » ses boutiques et ses hôtels particuliers, dont l’immuable façade de la maison Mulot et Petitjean.

Aujourd’hui traversée par un trafic incessant, on ne l’emprunte que si on y habite, si l’on est gourmand de pain d’épice ou… pour se rendre ailleurs. Pourtant, la place Bossuet était autrefois un des lieux les plus vivants de Dijon. Au XVème siècle, le « Marché de l’étape » y faisait fureur. Les commerçants exposaient leurs textiles, offraient des victuailles, Bossuet grouillait sous les piétinements des dijonnais. L’attraction était telle que les hôtels fleurirent partout dans Dijon. La ville en compta même 70 pour seulement 10000 habitants.

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Retour à Zola

On y venait surtout pour acheter du bon vin, et en tonneaux! Un texte d’époque raconte que le marché était réalisé « pour le bien et la commodité des forains […] mais surtout pour les habitants non détenteurs de vignes. » Très protectionniste, la ville laissait les commerçants dijonnais vendre leur vin librement, les autres – non résidents – devaient payer. L’agitation dura jusqu’à la Révolution. Après quoi le marché fut déplacé place Emile Zola. Tiens, Zola, on y revient.

Eternelle devant l’Eternel, la place Bossuet fut aussi l’un des plus grands cimetières de Dijon. Au Moyen-âge, les défunts possédaient une place importante dans la vie quotidienne des Dijonnais. Nombre de tombes faisaient l’objet de cultes mémoriels. Plus tard, dans la chrétienté ambiante, on éleva un lieu de culte: la fameuse église Saint-Jean. Transformée en paroisse au Xème siècle, elle devint bien national en 1789 et servit, elle aussi, de marché. L’église devint tour à tour théâtre, repère de l’armée, marché couvert, entrepôt pour farines de boulangers… Rendu au culte en 1865, le parvis Saint-Jean, porté par tous ces rôles, se convertira, un siècle plus tard en notre « Théâtre de Dijon Bourgogne ».

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