Depuis juillet, le château du Clos de Vougeot propose avec succès ses Expériences Sensorielles déclinées en trois volets. Grande nouvelle : tout au long de l’année, chacun peut même… y déguster du vin. De quoi en prendre plein les sens.
Comment ça, pas de vin ? En cinq ans d’expérience, il est arrivé à Nicolas Lurot, le responsable du service guides, d’être confronté à un visiteur désappointé de ne pas trouver une immense cave à bourgognes en libre service dans la boutique. Quand il ne recevait pas un poli « et, où peut-on déguster ? » en début de visite. La situation ramène à la surface une curiosité : au château du Clos de Vougeot, ce temple mondial des vins de Bourgogne, demeure de la confrérie des Chevaliers du Tastevin, le promeneur curieux comme l’amateur éclairé ne pouvaient toucher des lèvres la grandeur du pinot et du chardonnay.
« Le château se visite depuis 1949, le grand maître de la confrérie Vincent Barbier y fut d’ailleurs guide. Dans les années 70, les guides techniques sont apparus progressivement, mais il n’y a jamais eu de dégustation en dehors des réceptions privées et des 16 chapitres annuels des Chevaliers du Tastevin », détaille en préambule Arnaud Orsel. L’intendant général de la confrérie s’en est longtemps gratté la tête. Mais après tout, il y a une bonne raison à cela : « Nos statuts n’autorisent tout simplement pas la promotion d’un vigneron en particulier, encore moins le commerce direct provenant de vente de bouteilles. » Ainsi soit-il.
Virage expérientiel
Entretemps, le château a pris un virage expérientiel, sur le socle du numérique notamment, qui a changé la donne. Derrière ces mots à la mode, un circuit sincère et sensoriel, avec ce qu’il faut de modernité pour délivrer une pédagogie esthétique qui touche au cœur. Les Expériences Sensorielles en font justement partie. Ces trois offres (Cœur de Climats, Premier Climats, Grands Climats) incluant une visite guidée ont été élaborées autour des prouesses du chef des popottes vougeotines Olivier Walch et de vins tastevinés, sous la bénédiction du grand conseil. Les bouteilles présentées au visiteur sont issues des réserves personnelles de la confrérie et donc rendues anonymes par son élégant habillage. « La dégustation classique s’accompagne souvent de questions, légitimes après tout : « C’est bon ça, je peux l’acheter où ? Et combien ça coûte ? », analyse Arnaud Orsel. Dans ces expériences, le rapport pédagogique et gourmand prédomine, loin du volet business. Ce qui respecte notre esprit de promotion de tous les vins de Bourgogne. »
D’autant que la visite apéritive dans la fraîcheur des pierres cisterciennes vaut aussi le détour. Sous l’expertise de quatre guides permanents et quelques renforts estivaux, le château est éclairé par une mine d’informations et d’anecdotes. Le puits creusé au XIIe siècle, l’historique de cette mer de vignes entourant le château (85 propriétaires pour une cinquantaine d’hectares pour rappel), le dortoir des moines, les cuisines Renaissance, le grand cellier, la cuverie et ses pressoirs colossaux dans lesquels on déversait jadis jusqu’à 18 tonnes de raisins par jour… « Nous sommes à présent en mesure d’assumer une offre transversale extensible, allant de 7,50 euros pour une visite sèche à 135 euros pour l’expérience Grands Climats », apprécie-t-on encore au Clos de Vougeot, où l’on cultive pour l’occasion le sens du symbole avec le lancement des Expériences Sensorielles un 4 juillet, date anniversaire du classement des climats.
L’œuf meurette du chef !
Sur trois heures chaque samedi, Grands Climats est un concentré de l’excellence locale, avec la reproduction, en cinq petits plats et autant de grands vins, d’un chapitre auquel assistent 10 000 privilégiés chaque année. « Cela permet notamment de goûter à l’incontournable œuf meurette du chef », commente Arnaud Orsel, amusé de la réputation internationale de cette spécialité servie en… 1200 exemplaires un soir de fête tastevinesque. Viennent ensuite Premiers Climats (vendredi et dimanche, 65€) durant laquelle d’excellents premiers crus dansent sur nos papilles avec des bouchées de haut niveau, puis Cœur de Climats (du lundi au jeudi, 30€ par personne) où la gougère se décline autour de trois vins représentatifs de la Bourgogne, donc aux caractéristiques marquées. Pas du genre à reculer devant les sacrifices, DBM a testé pour vous Premier Climats.Au rythme d’une présentation décontractée et éclairante, les chablis Montée de Tonnerre 2017, saint-aubin 2015 et gevrey-chambertin Combe Aux Moines 2013 avaient pour agréable compagnie chausson langoustine, feuilleté d’escargot et autres réalisations savoureuses. Le gourmand auteur de ces lignes en aurait bien repris… Comment ça, pas de rab ?