Le nouveau propriétaire du château de Pommard a profité de la Vente des Hospices pour se faire connaître. Un débarquement très américain pour Michael Baum, qui a accueilli toute la Bourgogne en son domaine.
Par Dominique Bruillot
Photos: D.R.
Le plus bordelais des châteaux bourguignons a donc un nouveau repreneur. Après l’ère Laplanche, il y a eu, depuis 2003, l’ère Maurice Giraud. Le vin de Bourgogne, aussi prisé qu’un diamant de l’Afrique du sud, est passé de la psychanalyse à l’immobilier de luxe (métier de prédilection de MGM, le groupe fondé par Maurice Giraud) pour tomber dans le giron d’un personnage majeur du net.
Michael Baum, le nouveau châtelain de Pommard, doit en effet sa réussite à son art de naviguer dans la toile de la Silicon Valley, dont il est une figure emblématique. Maître du monde virtuel, il s’est ensuite trouvé une passion dans le monde du terroir. Le succès a souvent le don de pousser l’homme vers des connaissances plus profondes. Ce quinquagénaire au regard perçant apporte désormais sa vision américaine du business à l’un des fleurons du patrimoine bourguignon. Et personne ne s’en plaint.
Peu importe le montant précis de la transaction, qui se chiffre à quelques dizaines de millions d’euros, ce qui compte, dans cette nouvelle lecture des affaires bourguignonnes, c’est que nous allons assister, en direct, à la confrontation entre le style américain et le ton feutré (et parfois secret) d’une Bourgogne d’exception qui ne s’est jamais aussi bien portée.
Le château de Pommard, nous l’avons assez régulièrement répété, c’est 20 hectares d’un seul tenant, dans une appellation à la résonance mondiale, autour d’un patrimoine historique. C’est aussi (rendons grâce à Maurice Giraud sur ce point), un domaine qui a su trouver le chemin du terroir avec une politique culturale déterminée et une formidable résurrection dans sa pierre. Philippe Charlopin dans un premier temps, puis Emmanuel Sala, avec le concours de spécialistes comme Claude et Lydia Bourguignon, ont même fait progresser le vin du domaine, c’est certain.
En s’alliant notamment à la galerie Barthoux, le prédécesseur de Michael Baum, a largement contribué à une reconnaissance culturelle et œnotouristique du site.
Mardi soir, après s’être rendu très visible tout au long du week-end de la Vente des Hospices (on l’a vu chanter sur une estrade au château de Santenay puis trinquer allègrement à la formidable Paulée de Meursault), Michael Baum, infatigable et convivial, a invité la Bourgogne dans son nouveau domicile. Ambiance cosy, amicale, avec de bonnes choses à croquer et un 2007 en magnum du domaine ont achevé le sentiment que cet homme-là n’est pas venu pour faire de la figuration: il veut déguster la Bourgogne dans ce qu’elle a de plus sincère.
La preuve? Cette photo familiale typiquement américaine, affichée en grand pour affirmer devant les invités que, désormais, la vie des Baum, femme et enfants compris, appartient au territoire de conquête de l’homme d’affaires.
En quelques jours, sans vraiment grande surprise (comment recréer une histoire sans rompre certains liens?), l’organisation du château de Pommard a déjà été revue. Ceci est un choix qui appartient logiquement à l’acquéreur. Nous vous souhaitons donc la bienvenue M. Michael Baum, à vous et à votre famille, dans vos terres riches de promesse. Puissiez-vous donner à ce joyau de la Bourgogne qu’est votre demeure, un essor digne de ce nom. Puisse le pinot qui patiente dans vos rangs, porter lui aussi la bonne parole de nos terroirs. In vino veritas.