Déléguée régionale de Christie’s pour la Bourgogne-Franche-Comté, Marine Desproges-Gotteron est avant tout une femme de terrain. Sa mission ? Dénicher le tableau ou l’objet qui fera une belle vente aux enchères, quel que soit l’endroit dans le monde. Et si cela vous concernait ?
Par Dominique Bruillot
Pour Bourgogne Magazine #54
Photos : Jonas Jacquel
Elle travaille pour le compte d’une maison prestigieuse, Christie’s, dont le président, François Pinault, est notamment propriétaire d’un joli domaine en Côte de Nuits. Voilà déjà ce qui la relie indirectement à la Bourgogne, outre la présence remarquée et remarquable de ce grand nom des enchères, chaque année, quand flambent les prix des bourgognes à la Vente des Hospices de Beaune.
Au quotidien, la tâche de Marine Desproges-Gotteron est bien moins visible. Mais tout aussi passionnante. Commissaire-priseur diplômé à la base, elle est en quête permanente de l’objet rare, du tableau oublié (ou pas), qui attendent qu’on les réveille pour trouver nouveaux preneurs. C’est une dénicheuse de raretés qui passe son temps à tracer et identifier ce qui valait la peine de l’être, sans qu’on le sache toujours.
Objet voyageur
« J’ai une approche globale d’un ensemble, d’une collection », explique cette élégante et souriante jeune femme, qui se considère proche d’un « généraliste capable de faire un diagnostic et d’identifier les points forts d’une situation ». En gros, invitez-la dans une pièce, elle verra très vite ce qui peut en ressortir, car « il n’y a rien d’intellectuel dans mon métier, l’œil est un muscle qui sait naviguer, l’objet intéressant se détachera toujours de ce cadre ».
Anticiper la restauration dudit objet, le projeter sur un marché potentiel, qu’il soit à Hong Kong ou à Dubaï, est ce qui relève du premier regard posé, voire d’une intuition mêlée à de l’expérience. « L’expertise est le pivot de la décision, confirme Marine. Je suis indépendante mais épaulée par Christie’s qui, face à un objet exceptionnel, peut déployer une armée de compétences derrière. »
Le mythe du tableau de maître découvert sous la poussière du grenier de la vieille tante a la vie dure. L’objet voyage. On en perd parfois la trace, pour des raisons aussi diverses que mystérieuses, avant de le retrouver parfois par hasard sous son toit. Là commence une autre loterie. « Les peintures chinoises post-révolution, les laques ont par exemple le vent en poupe, raconte Marine, mais nous n’avons aucun a priori sur les objets. »
112 400 dollars à New York
Telle est la magie de l’offre et de la demande. Parmi la cinquantaine d’objets qu’elle a identifiés dans l’année, il arrive à notre commissaire-priseur de tomber sur une perle rare, comme cette pièce d’un artiste iranien qui se vendra 162 500 dollars américains à Dubaï. Ou encore ce portrait d’une dame, « avec des kilomètres de ruban rouge dans sa coiffe », réalisé par Rose Ducreux, supposée élève d’Élisabeth Vigée Le Brun. Déniché dans un grenier de Montargis, il fut adjugé 112 400 dollars à New York en avril 2016. Un record pour l’artiste.
Ce marché a par ailleurs les vertus de la bienveillance fiscale, ce qui n’est pas rien. « On a une loi formidable, poursuit Marine, il n’est nul besoin de fournir une preuve de la propriété de l’objet et la taxe libératoire est de 8 % ! » Vu comme ça, on en rêve encore plus.
Marine Desproges-Gotteron ne passe pas pour autant le plus clair de son temps à faire du porte à porte, de cave en cave ou de grenier en grenier selon où elle se trouve. Les gens appellent d’eux-mêmes, certains réseaux réveillent son intérêt ou celui de Christie’s, voire certains magazines bien informés. Alors, si en lisant cet article, vous avez une révélation, elle est là pour vous entendre. Et vous serez ravis de la recevoir si l’affaire est conclue !
MARINE DESPROGES-GOTTERON
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06.10.34.44.35