C’est depuis la cave wi-fi, nouveau concept bourguignon créé à l’attention de la presse par les organisateurs de la Saint-Vincent que s’écrit cette chronique. En direct, on peut dire que les amateurs de vins de Bourgogne en général et de saint-aubins en particuliers ne craignent ni la fraîcheur ambiante ni de se lever tôt un samedi matin. Tant mieux. Voilà un bel hommage à l’esprit mutualiste qui demeure à l’origine de l’événement du week-end.
Par Dominique Bruillot. Photos: Clément Bonvalot
Le blanc règne en maître à Saint-Aubin. Il s’est emparé des abords du village. Tôt, dès potron-minet comme on dit dans les foyers bien éduqués, le cortège des hommes vêtus de pourpre et d’or égaye les rues de pierre, au cœur de la Côte de Beaune, aux frontières de la Côte-d’Or et de la Saône-et-Loire, tout près de Chagny. Les chevaliers du Tastevin, aussi solennels que droits dans leur légitimité, rappellent qu’ils sont les pères de l’événement et imposent, en conclusion du défilé des drapeaux de la Saint-Vincent, la vision fondatrice de cette grande fête annuelle du vin: la référence à la solidarité, à l’entraide et au mutualisme.
Ça se passe comme ça en Bourgogne. Nul besoin d’une Julie Gayet ou d’une Valérie Trierweller pour attirer les foules. Ici, les vedettes, sans se concurrencer et sans se cocufier, sont le pinot noir et surtout (voir nos précédents articles), le chardonnay. Le sens profond d’une Saint-Vincent se vit donc aux aurores. Il épouse le froid ambiant en même temps que le respect d’un protocole salutaire pour l’éthique viticole. La fiesta c’est pour après. Après la messe qui bénit les millésimes prochains et rend grâce à Dieu d’avoir été si généreux avec nos terroirs. Après l’intronisation attendue (la seule décentralisée du château du Clos de Vougeot), de vieux vignerons qui incarnent la fierté des sols, et dont les traits saillants et les mines réjouies nous rassurent quant à la pérennité de nos meilleurs crus.
Saint-Aubin accueille la Saint-Vincent pour la première fois de sa vie. Des mannequins, dont la réalisation a été aussi soignée qu’une grande vinification, font revivre dans les petites cours des maisons accolées les unes aux autres, de jolies scènes d’antan. Touchantes, celles-ci permettent à la Bourgogne de revendiquer une typicité qui dépasse et de loin celle de ses vins. La Bourgogne est une terre de tradition. Il est donc une fois de plus bouleversant de voir ces milliers de personnes qui ont laissé de côté la grasse matinée pour baguenauder le verre à la main et lui exprimer leur reconnaissance éternelle et leur soutien.
Car la tradition ne serait rien sans la convivialité. A une époque où il faut plus que jamais appuyer sur la dimension culturelle et sociologique du vin, braver les tentatives bien-pensantes d’amalgame avec d’autres alcools, cette convivialité est l’argument qui fait mouche. On ne s’enfile pas du jambon persillé et des œufs en meurettes avec autant d’enthousiasme dès les premières heures de la journée si on ne défend pas LA cause, celle d’une Bourgogne unie autour de ses valeurs. Et c’est au son des trompettes et au rythme des tambours que se poursuit un grand week-end dont la première des ivresses est celle du plaisir d’être ensemble. Allez, santé par les plantes… et soif modérée.
Saint-Vincent de Saint-Aubin, à vivre aussi demain dimanche 26 janvier de 10h30 à 17 heures. Prenez le train puis la navette c’est bien plus pratique.
A voir sur France3, dans le Journal télévisé à 12h07 et demain avec la diffusion en direct de l’émission Millésimes à 11 heures.