Samir Benantar est responsable du pôle viande pour le géant coopératif agricole Feder, implanté en Saône-et-Loire. Pour le numéro spécial circuits locaux de DBM, il a volontiers signé pour un tour en Peugeot 3008 Hybrid4. Bilan des courses : le SUV a de la ressource, notre essayeur aussi.
Un acteur agroalimentaire, dans une attitude de circuit local, bon client de la concession ? Pour un petit tour en SUV hybride, il y avait bien Feder, comme l’a suggéré Laurent Charbois, patron de Peugeot Dijon. Ce groupement de coopératives agricoles né en 2012 est basé à Charolles, en Saône-et-Loire. Il a sous contrat une bonne cinquantaine de véhicules au lion, des modèles 208 et 308 pour les commerciaux en passant par les indispensables utilitaires frigorifiques.
Le besoin en mobilité est là : ce poids lourd du secteur représente les intérêts de 4 500 éleveurs adhérents répartis dans une vingtaine de départements, en Bourgogne-Franche-Comté essentiellement. Féder pèse quelque 195 000 bovins et 160 000 ovins commercialisés chaque année, pour un chiffre d’affaires tutoyant les 300 millions d’euros. Autant dire une coopérative animale de premier plan.
« Ce 3008 produit à Sochaux provient à sa façon du circuit court », ne manque pas de glisser Laurent à son essayeur du jour. Samir Benantar assume le développement du pôle viande du groupe. Installé à Saint-Rémy, Séléviandes est l’atelier de découpe et transformation de Feder, destiné aux éleveurs pratiquant la vente directe ou l’autoconsommation. « De l’enlèvement de l’animal dans l’exploitation jusqu’à la livraison du produit conditionné selon son choix, nous assumons tout, avec un rôle important de conseil aussi. Telle est notre valeur ajoutée », pose en préambule le responsable.
Que l’éleveur s’y retrouve
Arrivé en janvier, Samir, 35 ans, a une trajectoire passionnante. Boucher de formation « par vocation », il a très tôt été propulsé à un niveau industriel dans le secteur, pour développer des lignes de production et veiller à l’équilibre financier d’importantes structures. Après avoir « beaucoup bougé en France », il a connu dernièrement une parenthèse en tant que responsable d’une agence d’emploi à Chalon. Une façon de garder le contact avec son cœur de métier, car il a « formé et recruté beaucoup de bouchers, un secteur artisanal en demande, qui s’est anobli avec le temps ». Son arrivée chez Feder est dans la ligne de ce parcours, « une succession de bonnes rencontres, de gens qui m’ont fait progresser et donné tôt des responsabilités », resitue ce « petit gars de la campagne » loin du cliché du col blanc qui analyse des tableaux Excel, né dans le pays de Vonnas, fief du chef Georges Blanc.
En roulant sur les hauteurs de Flavignerot, là où un petit silo a retenu notre attention pour la photo, Samir, loquace, développe. « L’activité est en fort développement. Nous sommes sur un rythme de 30 bêtes par semaine, essentiellement des bovins, dans un rayon allant du nord Côte-d’Or au Beaujolais. » Les fermes opérant en vente direct lui font de plus en plus confiance. « Dans un contexte où il est beaucoup question de consommer autrement, de bio, de juste rémunération du monde paysan, ce qu’on veut, c’est que notre éleveur s’y retrouve. » La viande soigneusement prélevée, elle, se retrouve aussi régulièrement sur les marchés de places gourmandes comme à Chalon, Givry, Beaune, Tournus, Nuits ou bien Dijon sous la marque Coop’Amour.
15 embauches en sept mois
Pour Samir Benantar, la crise n’a fait qu’accentuer l’évidence d’un circuit raccourci. La question de la traçabilité de la viande relève presque de l’obsession pour le consommateur, parfois pas toujours averti cela dit, dans un contexte longtemps agité par la crise de la vache folle dans les années 2000. Sur une lancée remarquable – « 15 personnes embauchées en sept mois, avec formation à la clé », Seleviandes devrait bientôt élargir sa proposition en intégrant notamment un atelier de charcuterie-traiteur. Terrine, jambon, pâté croûte et autres délices se retrouveraient à la carte des repas d’entreprises, d’associations, voire de collèges comme c’est déjà le cas ponctuellement pour celui de Buxy, qui se fournit en viande auprès de la coopérative.
Dans tous les cas, « les gens ont plutôt pris des bonnes habitudes pendant le confinement, et ne les relâchent pas en ce qui nous concerne. C’est bon signe, ils ne nous oublient pas ». On se souviendra nous aussi de cette virée au volant d’un 3008 qui n’a pas volé sa réputation de star des SUV, avec ses 300 chevaux sous le capot et ce silence si paradoxal au démarrage. De l’aveu de Samir, l’essai ne manquait pas de sel. Sur ce point, on peut faire confiance à un garçon boucher.