Former les jeunes dès l’âge de 12 ans, encourager les entreprises à travailler avec des pompiers, motiver les communes à loger des volontaires : toutes les initiatives sont bonnes pour maintenir à flot le volontariat, notamment en zone rurale. La Côte-d’Or allume le feu des vocations.
Les clichés ont la vie dure. Le regard d’un enfant émerveillé à l’écoute du pimpon d’un camion de pompier est toujours d’actualité. Pourtant, le monde des secours piste les vocations. Surtout dans la campagne profonde, où le temps d’intervention et l’éloignement impliquent des réflexes adaptés. Contrairement à certaines idées reçues, ce n’est pas non plus la nuit que nous manquons de bras vaillants pour sauver des vies mais en journée, aux heures de pointe. Au moment même où, justement, les gens sont au travail ou sur le trajet.
Gare aux stéréotypes
Il faut alors inventer des outils de séduction et susciter les envies. Hubert Poullot préside le Service départemental d’Incendie et de Secours de la Côte-d’Or (SDIS 21). Il connaît bien cette problématique : « Notre branche de recrutements prend en charge les plus jeunes, dès l’âge de 12 ans, avec des formations qui durent quatre ans. » La formule marche plutôt bien. Le taux de transformation de ces pompiers en herbe est de l’ordre de 56 %. Phénomène émergent, sans doute en rapport avec les évolutions de notre société, les filles jouent aujourd’hui des coudes avec les garçons.
« Il n’est pas non plus nécessaire d’être un athlète », rappelle en substance Hubert Poullot, qui casse ce fantasme récurrent du héros au casque d’or bravant courageusement les flammes de la tour infernale. D’ailleurs, les incendies ne sont pas le premier sujet de l’agenda du sapeur. Son rôle essentiel est de porter secours aux personnes, leur offrir la meilleure des chances possibles d’être prises en charge par les services hospitaliers. « Nous ne sommes pas les sapeurs-pompiers de Paris, gare aux stéréotypes, prévient ainsi le lieutenant Gaëlle Coquio. L’incendie est un mythe, le secourisme représente 80 % de notre mission et un cadrage bien ciblé doit motiver les jeunes. »
En Côte-d’Or, on dénombre pas moins de 1 333 hommes et 427 femmes chez les volontaires, 320 professionnels dont 72 officiers. L’organisation générale et administrative de cette population d’utilité publique est confiée à 70 « Pats », acronyme désignant les personnels administratifs, techniques et spécialisés. « La caractéristique commune de tous ces pompiers est l’engagement citoyen dans le dispositif d’assistance et de secours aux personnes », résume le lieutenant Cyril Verrey, en charge du développement et de la promotion du volontariat au SDIS 21.
SOS volontariat
Sur les 44 centres de secours que compte le département, cinq seulement sont mixtes. Parmi eux, celui de Pouilly-en-Auxois fait exception dans le secteur rural. Il accueille quelques professionnels, à défaut d’avoir trouvé assez de volontaires, illustrant ainsi cette problématique persistante du recrutement.
L’âge moyen du pompier avoisine les 35 ans. Sa carrière peut aller de 16 à 60 ans, un peu plus s’il est en forme. Le volontaire effectue en moyenne une cinquantaine d’heures par an de sorties et de formation. Ses indemnités ? 8,36 euros l’heure pour un caporal, près de 13 euros pour les plus gradés. Avec une majoration pour les nuits et les jours fériés. Voilà pour les données générales.
David Brunot fait lui aussi le constat de contraintes plus ou moins bien vécues par les nouvelles générations. « Mais avec 150 à 170 recrutements chaque année, on ne se plaint pas trop en Côte-d’Or, même si on ne parvient pas toujours à développer comme on le souhaiterait », tempère ce volontaire expérimenté. « La génération du sacerdoce concentré sur une seule activité est là, mais pour combien de temps encore ? », s’interroge-t-il, face au constat de « toutes ces interventions qui se font au pompier près ».
Les chefs d’entreprise et les maires des communes sont des alliés potentiels. Une convention de mécénat favorise les conditions de mise à disponibilité des employés et peut séduire les premiers. Une politique attractive du logement social en faveur des pompiers volontaire est entre les mains des seconds. Cyril Verrey, qui commande la caserne d’Arc-sur-Tille est bien placé pour en parler : « Grâce à une collaboration active avec la municipalité, un tiers de notre personnel est logé dans la commune. » Un volontariat peut donc toujours en cacher un autre, celui du maire par exemple.