Installée au sud de Mâcon, Sobemab sort de ses lignes quelque 90 millions de bouteilles et bag-in-box chaque année. Ce géant du conditionnement de vin n’était pas vraiment calibré au départ pour ce rythme industriel : son histoire débute avec un simple camion d’embouteillage sillonnant le Beaujolais dans les années 70. Visite guidée par son dirigeant Charles Roux, le fils du créateur.
Par Michel Giraud
Pour DBM n°78
Photos Jean-Luc Petit
Chânes, au sud de la Saône-et-Loire, au beau milieu de l’appellation Saint-Véran. Bienvenue chez Sobemab, leader français (peut-être même européen) du conditionnement de vin. Une aventure débutée ici-même il y a 50 ans par Jean-Michel Roux. « En 1968, mon père a crée son premier camion d’embouteillage, pour se déplacer chez les vignerons et assurer la mise en bouteille à la propriété. C’était un service vraiment novateur », contextualise son fils Charles, qui étire désormais le fil de cette histoire. L’activité s’est naturellement étoffée, car Sobemab – pour Société d’embouteillage Beaujolais-Mâconnais Bourgogne – possède aujourd’hui une flotte de six camions qui sillonnent les domaines dans toute la Bourgogne et la vallée du Rhône. Mais ceci ne représente en réalité qu’une partie de l’activité.
Une cuverie de… 15 millions de bouteilles
Car entretemps, l’entreprise s’est dotée d’un impressionnant site de conditionnement. « L’embouteillage et le stockage représentent un enjeu considérable pour les vignerons, les caves coopératives, les marchands de vins aussi, insiste Charles Roux. L’activité nécessite d’importantes ressources techniques et financières, pour au final peu de réelle valeur ajoutée. La solution passe donc par la sous-traitance. » Par la sous-traitance et par ces citernes de vin affluant les unes après les autres sur le site, stockées dans une imposante cuverie pouvant contenir jusqu’à 120 000 hectolitres, soit l’équivalent de 15 millions (!) de bouteilles. Les équipes prennent soin des nectars, des assemblages parfois, de la filtration surtout. Mais pas grand-chose à voir, vu la raison d’être de Sobemab et les volumes en jeu, avec le travail d’un artisan : « Nos œnologues agissent plus comme des chercheurs de défaut que des faiseurs de vin. Une fois que le vin nous est confié, l’enjeu est qu’il n’évolue pas défavorablement chez nous, ni plus ni moins. » Viennent ensuite le conditionnement puis le stockage. C’est l’autre grande valeur ajoutée de l’entreprise, qui fournit « toutes les matières sèches, les cartons, les bouteilles, les bouchons » puis stocke méthodiquement avant de préparer les commandes. « À la propriété, nous avons souvent pour clients des domaines et des caves coopératives. Sur nos sites fixes, ce sont les marchands de vins, des négociants sans magasin. Le matériel représente un niveau d’investissement très important, tout comme son renouvellement et sa veille réglementaire. Nous composons avec les spécificités de chaque pays, sur les étiquettes, les capsules souvent à vis aux États-Unis et en Europe du Nord… Le conditionnement est complexe, coûteux, chronophage. Le client sait qu’il devra uniquement se focaliser sur l’élaboration des vins – ce qui n’est pas une mince affaire non plus. »
180 formats
Sans compter que les compétences, les engagements de Sobemab en terme de qualité notamment rassurent les gros acheteurs : « Nous travaillons beaucoup avec la grande distribution, un secteur où les normes de qualité sont fondamentales. Nous conditionnons aussi pour les compagnies aériennes. C’est un marché spécifique de gros volumes, pour lequel nous atteignons facilement 1 million de petits flacons par commande qui nécessitent du matériel adapté. Le bag-in-box aussi a pris beaucoup d’ampleur, il représente 35 à 40 % des ventes en volume dans les supermarchés français. Nous sommes capables de jongler entre 180 formats de contenants. »
Au bout du compte, 90 millions de bouteilles et bag-in-box sortent chaque année des chaines de Sobemab et de 3S, sa filiale héraultaise née en 1998. Ce qui nécessite un peu d’attention… Ce jour-là, à Chânes, Charles Roux parcourt les allées avec une vigilance décuplée, car une importante phase de travaux se termine pour accroitre encore les volumes traités : « Notre capacité de stockage et de production va augmenter de 35 %. Nous sommes dans un marché concurrentiel mais difficile à quantifier. Il existe de nombreux sites d’embouteillage, tous ou presque appartiennent à des négociants, des groupements de caves, des distributeurs ou des importateurs. La majorité de ces sites proposent de la prestation de conditionnement, pour mieux amortir leur outil. Notre force, c’est notre capacité à maintenir un outil indépendant avec un niveau d’investissement suffisant et de développer des politiques qualité-hygiène-sécurité optimales. Les donneurs d’ordre y accordent une importance capitale et nous sommes en mesure de tenir le rythme. » Telle est la réalité d’une belle réussite familiale, défendue à présent par 150 salariés en CDI sans compter les nombreux saisonniers. Le Jean-Michel Roux des années 70 doit en sursauter dans son camion d’embouteillage…
Sobemab, 13 route de Leynes à Chânes (71)
www.sobemab.com – 03.85.36.58.00