Sortie de route pour les vélos électriques Angell, assemblés par Seb à Is-sur-Tille

La fin des vélos Angell a été officialisée par son fondateur Marc Simoncini. Cette nouvelle touche de près l’usine Seb d’Is-sur-Tille, son « partenaire industriel exclusif », dont les lignes de production ont par ailleurs déjà ralenti la cadence depuis plusieurs mois.

Nés en 2020, les vélos à assistance électrique Angell n’auront pas survécu à un « problème hardware », dixit son fondateur Marc Simoncini. ©Angell

Angell descend de selle : quatre ans après avoir tenté de révolutionner le marché du vélo électrique, la start-up fondée en 2018 par Marc Simoncini et Jules Trecco s’apprête à déposer le bilan. La jeune entreprise, qui s’était distinguée par ses vélos connectés qu’elle faisait assembler au sein de l’usine Seb d’Is-sur-Tille, va se déclarer en cessation de paiements auprès du tribunal de commerce de Paris, avec à l’horizon une probable liquidation judiciaire.

« Un problème hardware aura mis fin à l’aventure, malgré tous nos efforts et le travail incroyable de tous les salariés, auxquels je pense ce soir », a indiqué sur son compte Instagram Marc Simoncini.

Un rappel massif d’exemplaires défectueux

Angell a connu un parcours semé d’embûches. La première génération de vélos, commercialisée peu après la création de l’entreprise, souffrait de nombreux bugs et défauts techniques. Ces ratés initiaux n’ont été qu’un prélude à un incident bien plus sérieux : en 2023, le cadre d’un vélo s’est cassé de manière brutale pendant son utilisation. En novembre dernier, Angell a averti les propriétaires de ces modèles qu’ils ne devaient plus utiliser leur cycle pour des raisons de sécurité.

Face à cette situation critique, l’entreprise a tenté d’identifier les causes de la défaillance sur le cadre, composé de pièces en aluminium collées. En vain. Incapable de déterminer si le problème concernait seulement certains vélos, Angell n’a eu d’autre choix que de procéder à un rappel massif et d’envisager le remplacement ou le remboursement des 5 000 à 7 000 exemplaires en circulation. Une charge financière estimée à 13 millions d’euros, selon Le Figaro.

Des discussions avec Seb infructueuses

Pour financer cette opération, la start-up a sollicité ses partenaires, notamment le bureau d’études KickMaker et le groupe SEB, qui réalisait l’assemblage des vélos et était même entré de façon minoritaire au capital d’Angell. Cependant, les discussions avec SEB n’ont pas abouti. Dans un courrier adressé à ses clients que DijonBeaune.fr a pu se procurer, Angell explique : « Malheureusement, dès la première réunion début novembre, il est apparu que le Groupe SEB ne se considérait d’aucune façon responsable des défauts affectant vos vélos, et ne souhaitait pas prendre part à la recherche d’une solution. D’autres propositions ont été formulées à nos partenaires… mais aucun accord n’a été trouvé à date. »

N’ayant pas les ressources financières pour rembourser les clients, Angell se voit contrainte de cesser son activité. Dans son courrier, l’entreprise assure toutefois que des démarches légales et assurantielles restent envisageables pour obtenir un dédommagement, même si les vélos ne seront plus produits.

L’usine d’Is-sur-Tille concernée

Cet échec marque un coup dur pour l’usine Seb d’Is-sur-Tille et ses 140 salariés, pour qui la production de vélos constituait une diversification bénéfique. Après avoir lancé de nouvelles versions améliorées, Angell avait signé un contrat prometteur avec BMW/Mini et espérait lever des fonds pour relancer sa croissance.

L’essor post-covid du vélo électrique a certes ouvert de nouvelles opportunités pour les start-up, mais il a aussi révélé la complexité de ce marché, où l’innovation technologique doit se conjuguer avec une qualité irréprochable et une gestion financière solide face à la concurrence asiatique notamment. Pour Angell, la course s’arrête ici, laissant un goût amer à ceux qui y croyaient encore.