Tour de France en Côte-d’Or : échappée belle entre Nuits et Gevrey

Vendredi 5 juillet, les coureurs du Tour de France sa lanceront, par-dessus les Hautes-Côtes, dans un contre-la-montre vallonné entre Nuits-Saint-Georges et Gevrey-Chambertin. Pour Bourgogne Magazine, Fabienne et Norbert, deux membres des Cyclos Randonneurs Dijonnais, ont enfourché un tandem pour faire le même parcours que les pros, mais avec un tout autre objectif : prendre son temps pour profiter des richesses du territoire, entre combes sauvages et grands crus… Roule ma poule !

Fabienne et Norbert au départ de la place Félix-Tisserand, dans le centre de Nuits-Saint-Georges. © Antoine Martel / DBM

Rendez-vous est donné à Nuits-Saint-Georges, d’où partira la 7e étape du Tour de France, un contre-la-montre de 25 km qui s’annonce spectaculaire sur les petites routes épousant le relief des Hautes-Côtes. Sur la place Félix Tisserand, l’illustre astronome nuiton s’amuse, du haut de son buste, des premiers tours de roue maladroits de nos deux cyclotouristes, peu habitués à pédaler de concert. Après un petit tour en centre-ville, c’est parti pour une montée en douceur vers Villars-Fontaine, le long de la vallée du Meuzin. 

Passé l’hôtel-restaurant La Gentilhommière, une première escale transporte nos deux cyclistes dans l’univers magique de La Karrière, une ancienne carrière désaffectée aujourd’hui réhabilitée en un incroyable lieu culturel. Au pied d’un front de taille haut comme un immeuble et recouvert de fresques peintes, le tandem prend des allures de fourmi. Pour sûr, il faudra y revenir à l’occasion des concerts, performances de street art et autres puces de l’image qui prendront place dans ce formidable amphithéâtre minéral tout au long de la belle saison.

Montée au pays de Vergy

Il est temps de se remettre en selle sur la D35, qui poursuit sa gentille grimpette jusqu’à un plateau où les vignes laissent la place aux céréales. Environ 1 km avant L’Étang-Vergy, sur la droite, la D109a vers Curtil-Vergy permet de faire un crochet par les ruines de l’abbaye Saint-Vivant, un des plus anciens établissements monastiques de Bourgogne, célèbre pour avoir exploité durant plus de six siècles les prestigieux vins de la Romanée-Conti et de la Romanée-Saint-Vivant. Depuis plus de 20 ans, les travaux de restauration des bâtiments entièrement reconstruits au XVIIIe siècle ont redonné vie au site. Ces vieilles pierres témoignent encore de la puissance des seigneurs de Vergy qui, au Xe siècle, ont fondé l’abbaye au pied de leur château, une forteresse imprenable dont il reste encore quelques vestiges dans la forêt proche. 

De retour sur la D35, l’entrée du village de L’Étang-Vergy est gardé par le château de Charmont, une élégante bâtisse néogothique qui abrite depuis 1954 la maison de vins Édouard Delaunay. Ce manoir servira d’ailleurs de QG de luxe à l’équipe Intermarché-Wanty durant le contre-la-montre du Tour de France. Sur le bord de la route, Laurent Delaunay, artisan de la renaissance de la maison de négoce familiale et grand défenseur du pays de Vergy, salue le passage des tandemistes et les encourage pour la suite. 

Il faut dire que la seule véritable difficulté du parcours les attend à la sortie du village sur la D116a. Classée en 4e catégorie, la côte de Reulle-Vergy est courte (1 460 m) mais assez soutenue (6,5 % de pente en moyenne), sans replat ni virage, sinon un grand tournant à droite à mi-montée. Pour les pros du Tour, ce ne sera qu’une bosse avalée en moins de 4 minutes. Pour nos tandemistes, incapables de se mettre en danseuse, ce fut plus laborieux… Le mollet un peu raide, mais la banane toujours aux lèvres, Norbert et Fabienne remettent du braquet pour gagner Curley et son parc de loisirs, puis rejoindre le col de la Gourdasse (463 m), point culminant du parcours.

Descente sur les grands crus

Commence alors la longue et périlleuse descente de la D122h, qui dévale la combe Ambin sur 3,7 km, entre forêt et falaises calcaires, jusqu’à Chambolle-Musigny. Sur cette portion au revêtement entièrement refait, les coureurs du tour prendront tous les risques. Norbert, lui, met les mains sur les freins pour profiter du paysage et regagner la Côte viticole en toute sécurité.   

Au débouché de la combe, notre tandem retrouve d’un coup la civilisation avec le pittoresque village vigneron de Chambolle, puis emprunte la bien nommée route des Grands Crus (D122) pour rejoindre Morey-Saint-Denis et Gevrey-Chambertin le long d’une cohorte d’illustres climats : Bonnes Mares, Clos de Tart, Clos des Lambrays, Clos de la Roche, Monts Luisants, Chambertin, Clos de Bèze… Sur cette route touristique, les cyclotouristes, électriquement assistés ou pas, se font plus nombreux sous le soleil, donnant à cette fin de parcours des airs de vacances d’été. 

Après plus de trois heures de balade (là où les meilleurs du Tour de France devraient mettre 35 minutes), Norbert et Fabienne bouclent tranquillement leur échappée avec des images plein la tête… et une grosse envie de prendre un verre. Après l’effort, le réconfort ! Direction le centre-ville pour déguster un verre de chardonnay en terrasse. Elle est pas belle, la vie en Côte de Nuits ?

🚴‍♀️ Tandem aimablement fourni par Les Deux Roues électrique à Dijon (40 euros la journée)

La 7e étape du Tour de France 2024 vue par Bernard Deubelbeiss.