Jeudi 30 août, France Montgolfières a organisé un vol test au-dessus du site d’Alise-Sainte-Reine, en prévision d’une offre touristique d’archéologie aérienne en partenariat avec le MuséoParc Alésia. Dijon-Beaune Mag y était. Le résultat est de haut vol, naturellement.
Photos : Edouard Barra
C’est ballot. À 19 siècles près, Jules César aurait pu profiter de l’invention (officielle) des frères Montgolfier en 1782 pour contempler son siège côte-d’orien depuis tout là-haut. Mais on ne refait pas l’histoire. On pourra bientôt la revisiter, en revanche, grâce à cette proposition originale de France Montgolfières. Son directeur David La Baume, un Américain qui revendique volontiers ses attaches bourguignonnes (son siège social est à Semur-en-Auxois et il compte une base de départ à Beaune et Vézelay), proposera à partir de 2019 des survols du site d’Alise-Sainte-Reine, « sans doute à raison d’un par mois, en moyenne. J’adore l’idée d’archéologie aérienne, car la montgolfière offre une vue optimale, avec une plateforme stable et un champ à 360 degrés ».
Avec la complicité du MuséoParc Alésia, qui a mobilisé l’expertise de la médiatrice culturelle Sylvie Tortiller, cette proposition ne manque pas d’intérêt. Le vol test du jeudi 30 août en a apporté la preuve. D’abord parce que cette prise de hauteur est impressionnante. Elle permet de découvrir autrement et en douceur un pays qui compte quelque 24 âmes au km². C’est dire si les bourgs environnants sont absorbés par une nature omniprésente. Ce qui n’est pas déplaisant. Dans une quiétude à peine troublée par les brûleurs (c’est qu’il faut les réchauffer, ces 8 000 m³ d’air !), on prend la mesure de ces champs et forêts à perte de vue, on touche du doigt les tuiles d’Alise-Sainte-Reine, on salue Vercingétorix sur la pointe ouest de l’oppidum, on fend la plaine des Laumes, on apprécie le charme désuet du château de Villiers à Pouillenay… Et le ballet des voitures qui s’arrêtent sur le bas-côté pour observer ces grosses bulles dans le ciel a quelque chose de romantique.
L’esprit de René Goguey
Le pilote Adrian Kriesi, un Suisse qui a connu les nuages d’Egypte, du Mexique ou d’Australie, a mené sa troupe jusqu’à 1000 m d’altitude, dans « des conditions idéales, avec un vent à peine perceptible qui donne une sensation de légèreté et une grande fluidité dans le déplacement ». Un déplacement « totalement aléatoire », qui limite certes l’exercice archéologique, d’autant qu’à vrai dire, le visiteur doit ouvrir l’œil pour se repérer et glaner les précieux indices livrés par la guide.
Car l’aspect historique vaut aussi le coup. De là-haut, il n’y a pas autant de contraste que sur les clichés de l’illustre René Goguey, pilote pionnier de l’archéologie aérienne. On se met en revanche à imaginer, sur les circonvallations et contrevallations, des réseaux de fortifications romaines sur la fameuse « plaine d’environ trois mille pas de longueur » décrite par César. « Gaulois comme Romains étaient dotés d’une grande intelligence de leur territoire ; ils étaient capables d’une appréhension précise de ses qualités et de ses défauts pour s’en servir à bon escient », note Sylvie Tortiller, pointant du doigt une circonvallation passant par la vallée de Flavigny et protégeant jadis les forces romaines.
Michel Rouger, le directeur du MuséoParc Alésia, s’est en tout cas montré « ravi de découvrir autrement les lieux ; c’est une grande première très intéressante, à condition d’organiser une véritable pédagogie préliminaire et se mettre autour de la table pour fixer les détails de cette activité et la rendre plus limpide pour le visiteur ». Ce vol test a en tout cas jeté les bases d’une prometteuse proposition. Prendre un peu de hauteur n’a jamais fait de mal.