Classés au patrimoine mondial de l’Unesco, les Climats du vignoble de Bourgogne se doivent désormais de satisfaire la curiosité des visiteurs venus les découvrir. En permettant d’arpenter notre légendaire Côte à hauteur de vignes et en prise directe avec le terroir, la véloroute Dijon-Beaune va dans ce sens. En selle pour le premier tronçon ouvert entre Beaune et Premeaux-Prissey…
Par Geoffroy Morhain
Photos : Conseil départemental de Côte-d’Or / Philippe Gillet
Parmi les quelque 300 km de véloroutes et voies vertes (1) déjà aménagés en Côte-d’Or par le Conseil départemental, la Voie des vignes permettait déjà de relier Santenay à Beaune. Désormais, les amateurs de balades à vélo peuvent tranquillement poursuivre la Côte viticole vers le nord sur 21 km (du parc de la Bouzaise à Beaune jusqu’à Premeaux-Prissey via Savigny-lès-Beaune, Pernand-Vergelesses, Aloxe-Corton, Ladoix-Serrigny, Corgoloin et Comblanchien). En attendant de continuer ainsi jusqu’à Dijon, en jouant à saute-mouton avec la route des Grands Crus, pour pouvoir d’ici deux à trois ans remonter l’intégralité de la bande des climats classés au patrimoine mondial, les pieds (ou plutôt les roues) dans le vignoble, avec une proximité que l’automobile ne permet pas.
Le vignoble en roue libre
Ce tracé en prise directe avec le terroir, qui chemine entre clos, coteaux et villages, permet de vivre pleinement l’expérience physique des « climats » bourguignons. Ce concept de micro-géographie viticole, qui peut paraitre obscur aux yeux du néophyte, prend ici corps de façon sensuelle, quand l’odeur de la pierre calcaire titille les narines du cycliste, que les feuilles des ceps lui chatouillent les mollets et que sur son roadbook, la poésie des lieudits traversés – En Caradeux, Ile des Vergelesses, Sous Frétille, La Maréchaude, La Toppe au Vert, Aux Fourneaux, Redrescul… – parle à son imagination.
En cette mi-septembre, à quelques jours des vendanges, le Département de Côte-d’Or récolte les fruits de son travail en matière d’aménagement du territoire pour la pratique du vélo. Alors que la presse et les élus locaux (François Sauvadet et Alain Suguenot en tête) sont venus dévoiler les panneaux de signalisation de la nouvelle véloroute qui traverse son village, Maurice Chapuis, le maire d’Aloxe-Corton, prend la parole en short, après avoir lui-même testé l’équipement : « J’ai fait du vélo ce matin », s’excuse-t-il avant de remercier le Département pour la réfection des chemins de vignes communaux empruntés par l’itinéraire, que la municipalité avait prévue à son budget l’an prochain.
Et Marie-Claire Vallet, présidente Côte-d’Or Tourisme, de défendre les investissements stratégiques que le Département a misé sur le vélo ces dernières années : « De nos jours, au même titre que la gastronomie et le vin, le vélo est en train de devenir un véritable étendard côte-d’orien. On note déjà quelque 200 000 passages de cyclistes par an sur les véloroutes et voies vertes du département. Plus qu’une simple activité de loisirs, c’est un moyen idéal pour découvrir un territoire aussi grand que la Côte-d’Or. A l’heure où les touristes sont considérés comme des “nomades éclairés”, l’itinérance est devenue un vecteur de développement touristique majeur sur lequel il convient d’être bien positionné. »
Devoir de partage
Au-delà des enjeux touristiques, cette nouvelle véloroute a aussi et surtout l’ambition de donner de la consistance aux Climats du vignoble de Bourgogne en permettant au plus grand nombre de les découvrir en toute autonomie sur le terrain. Une responsabilité morale que le président du Département, François Sauvadet, a tenu à rappeler : « Le classement de nos climats viticoles au patrimoine mondial de l’Unesco est une chose, il s’agit désormais d’être à la hauteur de cette distinction. Maintenant, tout le monde nous attend… Ne rien faire serait la pire des choses. Comme la rénovation du petit patrimoine de la Côte ou le retour des toits en lave dans les villages vignerons, cette véloroute participe pleinement à l’effort de mise en valeur d’un territoire que beaucoup nous envient. Nous sommes les gardiens de ce terroir et des grands crus mythiques qu’il produit, ce qui nous donne la responsabilité de l’entretenir mais aussi de le partager. A ce titre nous avons le devoir d’être accueillant. »
Alain Suguenot de poursuivre dans le même sens: « Il est bien révolu le temps où nos vignerons arrachaient les panneaux de signalisation des sentiers pédestres pour éloigner les promeneurs de leurs vignes. Aujourd’hui, on est fier d’avoir un territoire reconnu unique au monde, mais on a aussi le devoir de le faire partager en facilitant son approche. »
Bientôt Chambolle et Chenôve
Dès maintenant, la véloroute est donc opérationnelle de Premeaux-Prissey à Savigny-lès-Beaune, majoritairement sur des chemins de vignes, parfois des voies communales ou des routes départementales. Dans la foulée, une seconde tranche de travaux consistera, sous maîtrise d’ouvrage déléguée à APRR, à reprendre le pont franchissant l’A6 à l’entrée de Beaune, afin d’en modifier le profil et de permettre aux cycles de le traverser en toute sécurité. Enfin, une dernière phase sera réalisée dans Beaune intramuros, vraisemblablement en fin d’année.
2017 verra ensuite le démarrage de la tranche « Premeaux-Chambolle » (10 km), puis celle de la tranche « Chambolle-Chenôve » (15 km) en 2018, avant que l’agglomération dijonnaise ne prenne en charge les derniers hectomètres menant jusqu’à la Cité internationale de la gastronomie et des vins, au kilomètre zéro de la Route des grands crus. Le tout sous réserve de validation budgétaire bien entendu.
(1) Initiée par la FFCT dans les années 80, la véloroute est un itinéraire cyclable à moyenne ou longue distance (tourisme et déplacements quotidiens), linéaire et continu, jalonné et sécurisé, incitatif mais pas obligatoire. Elle emprunte un itinéraire agréable, évite les dénivelés excessifs et circule autant que possible sur des aménagements en site propre et sur des petites routes tranquilles. Plus restrictive, la voie verte est une voie de communication autonome réservée aux déplacements non motorisés, qui réunit des conditions de largeur, de déclivité et de revêtement garantissant une utilisation conviviale et sécurisée à tous les usagers.
Les chiffres clés
La tranche 1 de la véloroute Dijon-Beaune (de Beaune à Premeaux-Prissey), c’est :
– 21 kilomètres aménagés sur l’emprise publique (chemin ruraux et voies communales) dont environ 50 % réservés aux cycles et aux piétons, riverains et exploitants (le reste étant en site partagé).
– 800 000 € d’investissement: 300 000 € du Département + 500 000 € de subvention.
– 3 500 m3 de déblais, 6 000 m3 de grave naturelle (mélange de sable et de gravillons), 25 000 m² d’enrobé…
– 421 panneaux (de police et directionnels) réalisés de façon uniforme et posés de façon à limiter la pollution visuelle.
– 1 euro investit dans l’infrastructure = 1 euro de retombée économique par an