2018 est béni de Bacchus : volume et qualité sont au rendez-vous. Avec 828 pièces de vin et une fièvre acheteuse prête à contaminer Beaune, la vente aux enchères de Hospices, dimanche 18 novembre, a bien des raisons de dépasser le record des 12,3 millions de l’an passé. Les voici :
Parce que c’est bon !
On l’a vu, on l’a entendu, 2018 ravit les vignerons. Tous sont d’accord : pour produire du mauvais vin cette année, il aurait fallu le faire exprès. La météo hors norme (voir vidéo ci-dessous) fut la fée bienfaitrice de ce millésime, après des années nettement plus austères. Le printemps chaud et les sols régénérés par les abondantes pluies de janvier ont entraîné une floraison précoce et rapide. Les caniculaires mois de juillet, août et septembre ont permis une maturation peu commune et un état sanitaire impeccable. Les grands gagnants sont les vignerons patients, qui ont attendu un degré parfait pour leurs baies. La tentation de récolte précoce était si grande…
Parce que 41 pièces de plus
L’excitation générale provoquée par ce millésime et les dégustations du domaine des Hospices augurent d’une vente record. La régisseuse Ludivine Griveau (en photo) est prudente mais confiante : « Les choix culturaux que les Hospices de Beaune ont mené tout au long de la campagne, y compris la maîtrise précoce des rendements, semblent avoir été probants. Les blancs se goûtent déjà avec une belle profondeur et de la densité, sans lourdeur. Les rouges ont des robes soutenues, des arômes solaires mais frais, et la ligne commune au Pinot dans ce millésime semble porter sur une très belle matière, des structures avec du fond, mais des tanins à la texture douce et suave. »
Les 12,3 millions d’euros récoltés l’an passé ont encore plus de chance d’être dépassés sur la base d’une simple déduction mathématique : 828 pièces de vin (631 en rouge, 197 en blanc) mises en vente cette année, contre 787 en 2017…
Parce que 5 parrains valent mieux qu’un
Ce volume généreux, en particulier pour les blancs, contiendra comme toujours la fameuse pièce des Présidents. Les délicieuses Nathalie Baye, Emmanuelle Béart et Alice Taglioni (déjà venue en 2006, année… record à l’époque) mettront toute leur énergie à faire monter les enchères, aux côtés d’Erik Orsenna et Pascal Elbé. Cinq présidents, du jamais vu, pour trois bonnes causes : l’Institut Pasteur, l’Association sœur Emmanuelle (Asmae), et la BAB profiteront de la vente d’une pièce de corton Clos du Roi, contrairement à deux l’an passé. Représentée par un Albéric Bichot sur tous les fronts, auteur de quelque 150 achats, la maison Albert Bichot les avait acquises contre 420 000 euros avec une petite aide brésilienne.
Parce que les Hospices en ont besoin
François Poher, le directeur des Hospices insiste : « En septembre et octobre, les Hospices Civils de Beaune ont inauguré l’hôpital Saint-Laurent à Nuits-Saint-Georges et les locaux du centre hospitalier Philippe Le Bon à Beaune, qui accueille désormais entre autres les consultations de spécialité, un service de chirurgie ambulatoire et les nouvelles salles de naissance dont une dédiée à l’accompagnement physiologique. Diriger les Hospices de Beaune c’est avant tout poursuivre et améliorer l’œuvre originale de Nicolas Rolin et Guigone de Salins, associant un domaine viticole aussi original que prestigieux à un des monuments aujourd’hui les plus visités en France, tout en étant fidèle aux principes qui ont fondé l’Hôtel-Dieu en 1443 en proposant à la population locale une prise en charge de qualité dans des établissements de santé modernes, adaptés, sûrs et humains. Acquérir une ou plusieurs pièces du millésime 2018 lors de la vente des vins, c’est s’associer à cette histoire et à la promesse de partager de grands vins en famille ou entre amis au service d’une grande cause. »