L’hôpital de Nuits-Saint-Georges est aujourd’hui placé sous l’administration de son homologue de Beaune. Il engage un lourd programme de travaux dont le domaine viticole est même le premier mécène.
Par Dominique Bruillot
Photos : Jean-Luc Petit et D.R.
L’hôpital de Nuits-Saint-Georges est un vénérable monument dont les plus vieilles artères remontent à la fin du XIIIème siècle. A l’époque il n’est qu’une maladrerie et ne survivra pas aux guerres civiles et religieuses. Il faudra attendre 1633 et les bonnes grâces du procureur du roy Guillaume Labye pour qu’il renaisse en l’endroit actuel. Bref, on a beau se plier en quatre pour soigner les hommes, les hommes ne vous épargnent pas toujours.
Mais tout cela c’est du passé. Aujourd’hui, les Hospices de Nuits s’adressent aux personnes âgées. C’est un EHPAD (Etablissement d’Hébergement Public pour Personnes Agées Dépendantes) en bonne santé. Avec zéro dette, si l’on en croit son directeur depuis 2010, Frédéric Pluchot. L’établissement a même été en mesure d’assurer cash 5 des 15 millions d’euros que représente la construction des nouvelles structures d’accueil, qui s’étalera sur 24 mois, études et chantier compris.
Ce projet ambitieux, en dehors des vieux murs, fera cohabiter l’EHPAD avec un pôle logistique complet (cuisine, entretien, etc.). Il doit tout, ou presque, aux vertus spéculatives du pinot noir.
Le million de la vente
Dans la vie de tous les jours, les hospices de Nuits c’est 114 lits EHPAD, un petit service sanitaire de 8 lits, 120 fiches de paie et des médecins libéraux qui interviennent régulièrement. Tout comme Arnay-le-Duc et Seurre, l’hôpital nuiton est, depuis le premier janvier de cette année, officiellement passé sous la tutelle administrative de l’hôpital de Beaune, tout en gardant son autonomie de fonctionnement. « Cette mutualisation de moyens permet de réaliser des économies d’échelles et ouvre le champ au recrutement de spécialistes et techniciens qui trouvent-là une surface plus large pour l’exercice de leur métier », résume Frédéric Pluchot.
Il bénéficie aussi d’un mécène de premier choix qui, il est vrai, n’est pas sans rappeler celui de Beaune: son généreux domaine viticole. 12 hectares, presqu’exclusivement des nuits-saint- georges, dont des climats d’exception: Boudot, Murgers, Porets… et notamment Saint-Georges, promis au titre de grand cru. Chaque année, la Vente des vins organisée au profit des hospices fait de plus en plus fort.
Habituellement, elle contribue à hauteur de 200 000 et 250 000 euros de résultat à cet apport. Mais en 2015, portée par le « régional de l’étape » qu’est le chanteur Florent Pagny, mais aussi un millésime d’exception, elle a dépassé pour la première fois le million d’euros de chiffre d’affaires. Un résultat inespéré duquel on peut libérer pas loin de 60% au profit des investissements!
Il y a fort à parier aussi, que nous atteindrons ce dimanche de nouveaux records sous le coup de marteau du commissaire-priseur et sous l’impulsion de Frédéric Diefenthal et Thierry Beccaro, les deux invités présidents de cette édition. « Jean-Marc Moron, le régisseur du domaine, est dithyrambique sur la qualité des vins », s’enthousiasme Frédéric Pluchot, en présage d’une montée en puissance qui profitera aussi, on le souhaite ardemment, à l’association Un pas vers la vie, portée par la journaliste Eglantine Emeyé, elle-même touchée par l’autisme.
Le vin mécène est un vin qui a du cœur, qu’on se le dise.