Né sur les ondes radio, silencieux depuis plusieurs années, le Café des Bourrus revient dans une version web TV. Liberté de ton, empathie et ronchonnements sont de retour. Bourgogne Magazine et notre maison d’édition ont trouvé en Vincent Harbulot et Erolf Productions le talent de réalisation qu’il fallait pour tourner une première sur la terrasse de la Cuisine expérientielle. À déguster sans modération.
Durant trois bonnes années, le Café des Bourrus canal historique, fut une émission de radio sans tabou, ferrailleuse, gouailleuse mais pleine d’empathie, avec une grande famille de fans. Elle embarquait l’auditeur à la rencontre souvent sensible et riche d’enseignements de personnalités fortes et militantes du territoire. Avec des invités généralement très éloignés du bling-bling habituel, ravis qu’on s’intéresse à eux et à leur univers en profondeur.
Imaginée par votre serviteur Dominique Bruillot, avec la complicité de France Bleu Bourgogne, la formule initiale a fait défiler plus de 250 « Bourrus » en trois ans, dans un esprit aussi cash que constructif. Le bourru, si on en reprend le sens profond, c’est un gars (ou une fille) un poil grognon(ne) sur la forme, qui reste toujours bienveillant(e). Qui aime savoir ce qui est vrai, s’exprime sans tabou, tout en veillant à ne pas dépasser les limites de l’inconvenance.
De haut en bas et de gauche à droite : Dominique Bruillot, éditeur de Bourgogne Magazine et tavernier du Café des Bourrus ; William Krief, papa du Village gastronomique de la CIGV et de sa Cuisine expérientielle ; Béatrice Dole-Deseille, cheffe d’entreprise jurassienne d’origine et fin gourmet ; Stéphane Derbord, chef étoilé ; Mélanie Giraudet alias Mel l’a fée, blogueuse culinaire ; Vincent Harbulot, dirigeant fondateur d’Erolf Productions et réalisateur du Café des Bourrus web TV. © Jean-Luc Petit
Une resurrection avec Erolf Productions
Les mots du langage populaire ne sont pas les ennemis de l’élégance, il suffit de leur donner une bonne musique et un bon rythme. L’échange se passe alors les yeux dans les yeux, le verre à la main, un p’tit quelque chose en bouche, car sans convivialité, il n’y a pas de vérité qui tienne.
Mais toute bonne chose a une fin. Pour la quatrième saison, dans un format détourné de sa vocation initiale, le Café des Bourrus radiophonique a perdu son tavernier fondateur, votre serviteur, pas du tout en accord avec cette évolution. Par la force des choses, le nouveau concept poursuivra un temps son « œuvre » sous un autre nom, dans une approche très différente, qu’il ne nous appartiendra surtout pas ici de juger.
Le « CDB » canal historique a été rangé dans un carton. Pour en sortir occasionnellement et prendre l’air sous la forme d’un débat territorial. Dans l’espoir d’une résurrection pleinement médiatique, qui ne pouvait que passer par le canal de la web TV. Erolf Productions et la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin vont l’y aider. Les talents de réalisation de l’équipe de Vincent Harbulot sont une aubaine. Le cadre offert par la terrasse de la Cuisine expérientielle en est une autre.
C’est donc sous un soleil de plomb, à l’abri des toiles du rooftop de la Cuisine expérientielle, que quatre invités ont essuyé les plâtres d’un numéro zéro très gourmand, animé par une légitime mais bien embêtante question : « Le repas des Français, c’était mieux avant ? » Maquillés, disposés, équipés d’un micro, le tout face à quatre caméras et sous le contrôle d’une table de production, chacun de ces cobayes bourrus est venu avec de quoi alimenter une table apéritive, dans les limites d’un budget individuel imposé de 10 euros. Et l’obligation de faire son marché dans le Village gastronomique en 10 minutes.
Le tournage du Café des Bourrus webTV a eu lieu début août, sur la terrasse de la Cuisine expérientielle, dans un ton décontracté propre à l’esprit de ce rendez-vous. © Jean-Luc Petit
Un casting varié et gourmand
La table est ainsi garnie d’une proposition rafraichissante de légumes de la part de William Krief, le papa du Village qu’on ne présente plus. Face à lui, la blogueuse culinaire Mélanie Giraudet, alias Mél l’a fée, a voulu rendre hommage à un dieu bourguignon, le jambon persillé. Le chef étoilé Stéphane Derbord, dont l’histoire se partage entre la Nièvre de ses origines et la Côte-d’Or, a convié des chèvres du Mâconnais et de la Loire, au côté d’un peu d’Époisses. Classique mais efficace. Quant à Béatrice Dole-Deseille, Jurassienne d’origine, cheffe d’entreprise, mère et cuisinière pour une tribu de six ados et pré-ados, accessoirement épouse de François Deseille (l’élu référent de la Cité de la Gastronomie), son choix s’est porté sur quelques crustacés, en hommage aux papilles originelles de celui qui partage sa vie.
En ce qui me concerne, en bon tavernier du Café des Bourrus, j’ai rapporté du village de la Cité deux pains : un complet et un maïs. Normal de la part d’un Bressan pur souche ! Ainsi qu’un Bourgogne Côte d’Or blanc 2019 (nouvelle appellation labellisée par Bourgogne Magazine) de chez Javillier, aussi excitant (on ose le dire !) qu’un Puligny village de bonne constitution.
In Bourru Veritas
L’échange de cette première version du Café des Bourrus version web TV aura duré une bonne demi-heure. Madeleines de Proust de chacun, vision nouvelle du Repas des Français, rites gourmands, culte de la table et culte à table… les sujets ont défilé en toute amitié, entre deux bouchées apéritives épicées par le verbe de chacun des bourrus présents. Il appartient désormais à l’équipe d’Erolf Productions de segmenter et habiller le tout.
Bientôt, des capsules vidéo en seront extraites, pour encourager le partage avec nos amis gastronomes et défenseurs des cultures vivantes. L’histoire ne dit pas encore combien de Café des Bourrus nous ferons ici et ailleurs, elle nous informe déjà qu’il y en aura bien d’autres, pour le bonheur d’être ensemble. Les Bourrus de la Cité ont aussi trouvé une belle taverne en ces lieux. In Bourru Veritas.