Vincent Martin et Yannick Morizot, le nouveau duo à la tête du circuit Dijon-Prenois

En faisant évoluer sa gouvernance, le circuit Dijon-Prenois se donne toutes les chances de rouler pour 50 nouvelles années. Son nouveau président Vincent Martin et son désormais directeur général Yannick Morizot en parlent le mieux. Et ils en gardent encore sous la pédale.

Vincent Martin (au premier plan), nouveau président du circuit Dijon-Prenois, et son prédécesseur Yannick Morizot, désormais directeur général du tracé dijonnais. ©Jean-Luc Petit/DBM

Une boucle infernale de 3,8 km, la joute mythique entre Gilles Villeneuve et René Arnoux au Grand Prix de France 1979, un hall of fame constitué des plus grands du monde automobile, des Coupes Moto Légende qui attirent plus de 30 000 personnes, 230 journées de privatisation et jusqu’à 50 de compétitions auto comme moto… Le circuit Dijon-Prenois ne ressemble à aucun autre, c’est chose entendue. L’un des sites les plus fréquentés de notre région (plus de 300 000 visiteurs par an) a « l’étoffe d’un vrai patrimoine de la Bourgogne », comme le défend depuis (et pour) toujours Yannick Morizot.  

Sous ses dix-sept ans de gouvernance, le site a connu un évolution spectaculaire, tant au niveau de la fréquentation de la piste que dans ses investissements tournés vers le réceptif. La grille de départ n’était pourtant pas la meilleure. 

Le dirigeant a mené patiemment une première campagne de travaux dès 2006, en se focalisant sur une indispensable mise aux normes de la piste. Il loue la chance d’avoir pu, un peu plus tard, « tout casser et tout recommencer au niveau bâtimentaire en 2016, grâce à la grande confiance des administrateurs du circuit, qui ont dit oui à un projet d’avenir lors d’une réunion d’à peine 30 minutes ».

Préserver l’ADN local

À un tournant de son histoire, sur la lancée d’un cinquantenaire entamé en 2022, Yannick Morizot a donc confié le bébé en toute clairvoyance. « Je ne suis plus un homme d’avenir », résume-t-il dans un sourire, ouvrant la voie à une nouvelle configuration actionnariale constituée de proches historiques du circuit et de deux nouveaux actionnaires régionaux, lesquels ont choisi Vincent Martin comme pilote principal. Le nouveau président de Dijon-Prenois depuis le 1er janvier défend une « volonté commune de préserver l’ADN de l’entreprise tout en s’inscrivant dans une dynamique de modernisation et d’innovation. Ce changement stratégique vise à renforcer les ambitions du circuit, sur les plans sportif, économique et environnemental ». 

Une société d’exploitation de 12 personnes (beaucoup plus en haute saison), dont le fidèle directeur Lorenzo Cristofoli, fait tourner le circuit au quotidien, avec désormais Yannick Morizot positionné en directeur général. Une façon de rester proche d’un système qu’il connait par cœur, tout en adoptant une forme de recul assez nouvelle.

Ne pas faire semblant

Le DG a « pris le temps de voir du monde » pour sous-peser le destin d’un aimant comme Dijon-Prenois, qui génèrerait entre 16 et 18 millions d’euros de retombées économiques annuelles pour le territoire. 

Il a visiblement pris la décision en confiance : « Quand on projette dans le temps une entreprise comme Dijon-Prenois, il ne faut pas faire semblant. L’outil est superbe, mais à quoi ressemblera-t-il dans 10 ou 15 ans ? Quelle attention sera portée aux acteurs du territoire ? Vincent saura conduire cette réflexion collective. » 

Chouchouter les passionnés, les teams, les pilotes et leurs accompagnants fait toujours partie des règles d’or. Tout comme leur garantir les meilleurs conditions d’accueil et de sécurité. Il convient aussi d’embrasser l’ère des nouvelles mobilités, d’être « très ouvert à tout ce qui se passe autour de nous, de faire preuve de responsabilité sur les plans de la sécurité et de l’environnement pour ne pas prêter le flanc à n’importe quelle critique de l’époque ».

Quasi familiale

Cette transmission est « quasi familiale » : « Vincent a été scolarisé avec mes enfants, nos familles s’entendent bien et ont toujours aimé travailler ensemble », estime Yannick Morizot, louant la qualité des travaux d’aménagements du circuit menés en majorité par Roger Martin. « J’ai pu voir le sérieux de son entreprise. Tous les deux, nous sommes un peu comme ça : le terrain, l’action, les hommes. »

L’intéressé n’a pas de mal à confirmer. Dijon-Prenois est un objet à part dans sa vie. « L’automobile me passionne depuis toujours, je suis de cette génération pour qui avoir sa première voiture était un graal », raconte ce pilote chevronné, né deux ans après Prenois, engagé sur le tard dans la course automobile (Porsche Cup et Tour Auto notamment) avec son épouse et team manager Catherine. La cinquantaine l’a placé sur la route de la sagesse, aussi vient-il de lever le pied en se concentrant sur quelques courses historiques : trop de risques pour lui-même, sa famille et celle de son entreprise, qui ne cesse de se rapprocher de la cour des grands avec 2 650 collaborateurs, plus de 70 implantations et 550 millions d’euros de volume d’affaires. Le boss de Roger Martin, en plus de la Fédération régionale des travaux publics, est donc un président lucide, mais tout de même bien occupé.

« Tout le monde se demande comment je vais faire », glisse-t-il dans une touche d’humour, assumant sa vision « d’un patron qui doit savoir s’entourer » : « Yannick est notre directeur général, il va travailler encore plus ! » Blague à part, Vincent Martin a tenu à ce que Yannick conserve le même pouvoir décisionnel au quotidien, afin d’accompagner « des équipes compétentes et très polyvalentes ».

Monument préféré des Français

Cela le conforte dans cet engagement pour « un monument, que je considère effectivement comme un patrimoine à soigner et à transmettre ». Le passionné ne manque jamais de rappeler qu’en septembre 2024, Stéphane Bern consacrait le circuit de la Sarthe, mythique arène des 24 Heures du Mans, comme monument préféré des Français

Prenois suit la même voie de patrimonialisation, matérialisée par la création d’un hall of fame salué de tous. D’autres projets sont en route. Le premier concerne le karting, « dont le capital sympathie est évident et pour lequel nous venons de nous équiper en nouveau karts enfants ». Le tandem président-directeur général avance aussi prudemment sur le projet d’agrandissement de la piste d’essai karting (1,2 à 1,9 km), qui autoriserait des tests à des constructeurs intéressés. 

Puis il faudra aussi prendre soin de ces fidèles organisateurs d’événements, si attachés à l’esprit Prenois, ainsi que des 160 partenaires économiques et institutionnels. « Il ne faut pas se faire du mal en le disant, Prenois est aussi un lieu d’accueil et des rencontres propice au business », évoque enfin Vincent Martin, avant d’envisager le potentiel représenté par l’œnotourisme et les rallyes de gentlemen drivers en goguette qu’il accueille déjà régulièrement au domaine familial de La Pinte, à Arbois (Jura). Le circuit Dijon-Prenois est et restera un objet de passion, il doit s’inscrire dans ces itinéraires du plaisir et de l’art de vivre. Roulez jeunesse !