Tout Bio or not tout bio, that is the question. Beaune sera au cœur du débat ce vendredi, à l’occasion des Rencontres de la viticulture biologique, qui vont aborder cette problématique en finesse et sans surdose, sous la tutelle du SEDARB (Service d’éco-développement agrobiologique et rural de Bourgogne) et de la CGAB (Confédération de groupements des agrobiologistes de Bourgogne).
La viticulture bio est passée de 5% des surfaces viticoles en 2009 à 13% aujourd’hui en Bourgogne. Elle attire chaque année de nouveaux adeptes prêts à se lancer dans l’aventure de la reconversion. Un véritable sacerdoce quand on sait qu’il faut au minimum trois ans pour parvenir à cette reconversion biologique reconnue. Pour Emmanuel Guillot, président de la commission viticole de la CGAB du domaine Guillot-Broux à Mâcon, «l’agriculture biologique doit être un vrai projet de société et ne pas se limiter aux petites structures. L’agriculture bio est avant tout une philosophie à l’échelle de la société.» Pour exemple, Emmanuel Guillot cite la ville de Munich, en Allemagne : « En convertissant 1500 hectares en bio, le coût du traitement de l’eau des nappes phréatiques a été divisé par 20.» Tout aussi parlante, la dépollution des algues vertes en Bretagne, dues à l’agriculture et qui coûte 3 à 500000 euros par an : «Si cet argent était investi dans une aide à la production biologique, dans 10 ans, nous n’aurions plus d’algues.»
Lutte contre la flavescence dorée
La viticulture bio, c’est comme un bon cru, un équilibre délicat entre la prévention des maladies à l’aide de techniques – association de cultures, jachères – et de produits naturels et une surveillance accrue des maladies à l’échelle d’un territoire. Dernière en date: la flavescence dorée, un micro organisme qui détruit les pieds. 13 hectares ont déjà été arrachés en Saône-et-Loire, ce qui a poussé les autorités à promulguer deux arrêtés en Côte-d’Or et Saône-et-Loire, obligeant les viticulteurs à un traitement préventif mais toxique. Devant cette obligation, certains se sont rebellés, comme Emmanuel Giboulot, viticulteur de la côte, convoqué devant la justice, estimant qu’il n’avait pas à traiter des parcelles non atteintes. Pour Emmanuel Guillot : « Il ne s’agit pas d’un bras de fer. Nous souhaitons juste que la législation soit assouplie de façon à prendre en compte d’autres techniques prophylactiques comme la surveillance une fois par an de toutes les vignes, qui s’avère efficace.»
Un échange entre outsiders d’autant plus important qu’en 2013, la Commission européenne, qui n’a reconnu le vin bio qu’en 2012, a annoncé qu’elle reverrait pour 2015 tous les règlements actuels en matière d’agriculture biologique. Mais Emmanuel Guillot est confiant : «Il y a une volonté de tous: autorités, producteurs, de faire avancer l’agriculture biologique, mais pour cela, il faut tout revoir y compris les modalités d’attribution des subventions européennes.»
Rencontres de la viticulture biologique : vendredi 24 janvier de 9 h à 12 h 30, Maison de la Viticulture – 132/134 route de Dijon à Beaune.
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