Prendre de la hauteur et voir Chenôve autrement: voilà ce que propose ce rendez-vous VRP (un Village, une Route, un Patrimoine) qui nous conduit au cœur d’un bourg historique dont on ne soupçonne pas forcément l’existence.
Rubrique réalisée en partenariat avec l’entreprise Rougeot à Meursault
Beaucoup ont de Chenôve l’image forcement réductrice des barres d’immeubles et de la zone commerciale qui bordent l’avenue Roland-Carraz (la D 974, communément appelée « route de Beaune »). On oublie trop souvent que la commune du sud de l’agglomération dijonnaise abrite un centre ancien aux allures villageoises où il fait bon se balader. Des ruelles souvent étroites, parfois abruptes, qui réservent de fort agréable surprises. On oublie aussi que Chenôve est la première étape sur la route des grands crus de Bourgogne. Et cette histoire viticole remonte, loin, très loin, même dans le sillage des pressoirs des Ducs de Bourgogne.
La virée des grands ducs
Venant de Dijon par l’avenue Roland-Carraz, il suffit de tourner à droite au niveau des laboratoires Urgo pour rejoindre ces pressoirs, rue Roger Salengro. A deux pas de là, la table de l’Auberge du Clos du Roy (place Anne Laprevote), la seconde adresse dans la commune du chef Philippe Poillot, est vivement conseillée.
Mais revenons à nos pressoirs. L’histoire rappelle qu’au début du XIIe siècle, les ducs de Bourgogne créèrent un domaine viti-vinicole à Chenôve, avec une cinquantaine d’hectares de vignes et deux pressoirs monumentaux. A en croire l’inscription sur place, et surtout les documents de la commune, les premiers pressoirs auraient été construits ici en 1238 sous la régence d’Alix de Vergy, duchesse de Bourgogne, pour son fils Eudes IV.
Entièrement reconstruits au XVème siècle, les pressoirs de Chenôve ont fonctionné sans interruption jusqu’en 1926. Chef-d’œuvre de l’architecture industrielle médiévale, ce bel outil est classé monument historique depuis 1934.
Aujourd’hui encore, la vigne reste une réalité à Chenôve, avec une soixantaine d’hectares cultivés sur la commune, certains en appellation marsannay, comme le bien connu Clos du Roy, mais aussi le remarquable Clos du Chapitre appelé à devenir un des grands vins du Dijonnois.
Le cellier des Pressoirs est désormais réservé au vieillissement du vin. En 1987, à l’initiative de la municipalité, l’un des deux mécanismes a été remis en état. Le lieu se visite, il est aussi le cadre d’une grande fête populaire et vigneronne, la Pressée, qui a lieu tous les ans durant le troisième week-end de septembre. L’occasion de revoir fonctionner ces pressoirs à contrepoids mobiles qui sont, parait-il, parmi les mieux conservés dans l’Est de la France, et même en Europe du Nord.
Echappée verte sur le plateau
Après avoir profité, à deux pas de là, de l’église Saint-Nazaire, joli témoignage de l’art roman bourguignon construite à l’emplacement d’une chapelle mérovingienne, il sera temps d’aller prendre un grand bol d’air. Attention, ça grimpe un peu! En empruntant la rue Paul-Bert, vous atteindrez d’abord le jardin du Clos du Roy, puis rencontrerez des vignes, avant d’accéder au plateau de Chenôve, le poumon vert de la cité. D’ici, la vue sur la plaine de Saône est imprenable. Les Dijonnais aiment venir se dépenser sur cette zone verte qui mêle une grande diversité de paysages: des combes, des plaines, des forêts de pins aussi…
Classé Natura 2000, le site se découvre grâce à de nombreux sentiers de randonnée pédestre et de VTT. L’occasion de redonner à Chenôve ce qui lui appartient et de relativiser l’image de banlieue ingrate qui lui colle à tort à la peau.