La D33, l’une des plus belles routes de Côte-d’Or, serpente avec un accent anglais entre l’Ouche et le Canal de Bourgogne. Ce cheminement paisible conduit en effet vers l’une des plus belles adresses de la Bourgogne gastronomique: l’Abbaye de la Bussière. Révélée au monde il y a 900 ans par l’abbé Etienne Harding, elle est aujourd’hui de nouveau entre les mains de sujets de sa majesté, les Cummings.
En partenariat avec l’entreprise Rougeot à Meursault
Depuis Plombières-les-Dijon, l’A38 file vers Pouilly-en-Auxois pour y rejoindre sa cousine l’A6. Elle longe aussi le Canal de Bourgogne, jusqu’à Pont-de-Pany, point de départ d’une escapade qui suit le cours de l’eau. Dès Sainte-Marie-sur-Ouche, la D33 croise l’Ouche et le canal. La « route de la Vallée », comme on la nomme souvent, traverse des villages qui chantent la Bourgogne romantique, celle où il fait particulièrement bon vivre: Barbirey-sur-Ouche, Veuvey, Gissey…
La Vallée de l’Ouche demeure l’un des coins préférés des Dijonnais. Au fil de l’eau, des tables de pique-nique invitent régulièrement à la pause et les pêcheurs ont là de quoi s’abandonner à leur passion. Depuis la sortie de l’autoroute, il faut compter un quart d’heure pour rejoindre La Bussière-sur-Ouche, soit une dizaine de kilomètres. On découvre alors, au bord de la route, les grilles de l’Abbaye de la Bussière, devenue depuis une huitaine d’années un des hauts lieux de la gastronomie bourguignonne. Une spectaculaire transformation que l’on doit à la famille Cummings, venue de son château d’Amberley dans le Sussex pour faire partager son savoir-faire dans le domaine de l’hôtellerie de haut niveau.
Pour autant, peu d’entre nous connaissent la véritable histoire de cette ancienne abbaye cistercienne fondée au XIIème siècle et que certains appellent aussi « abbaye Notre-Dame des Trois Vallées ». Son avènement, on le doit, en 1131, à Étienne Harding, troisième abbé de Cîteaux. Henri Vincenot, qui repose non loin de là, évoque notamment la construction de l’édifice dans son très beau roman Les étoiles de Compostelle.
A son apogée, vers la fin du XIIIème siècle, l’abbaye compte jusqu’à trois cents moines. La suite sera tumultueuse, une succession de transformations et d’événements parfois tragiques. Sur la porte d’entrée, un panneau rappelle que l’édifice est classé au titre des monuments historiques depuis 1966. Il est vrai que La Bussière-sur-Ouche est aussi le lieu de sépulture des épouses des ducs de Bourgogne. Plus récemment, à partir des années 1960, elle a été maison d’accueil du diocèse de Dijon.
Joy et Martin Cummings en sont devenus les propriétaires en 2005. 900 ans après l’œuvre de leur illustre concitoyen Harding. Un chantier colossal, mené avec passion malgré un certain scepticisme ambiant, donne le résultat que l’on connaît aujourd’hui. La Bussière revit. Clive, le fils Cummings, assure avec engagement la relève d’une entreprise qui a permis à ce bijou du patrimoine bourguignon de renaître sous un jour nouveau.
La cuisine de l’établissement n’est pas en reste. Confiée au chef Emmanuel Hebrard, elle a été récompensée d’une étoile au guide Michelin dès 2007. L’hôtel classé Relais et Châteaux est de toute beauté, alors que le parc de 7 hectares, veiné par les méandres de l’Arvot, démontre une fois de plus que les Anglais ont un véritable don pour les espaces verts.
Au cœur d’une vallée splendide, ce genre d’adresse fait honneur à la Bourgogne. Après avoir visité l’église Notre-Dame des Trois Vallées, viendra le temps de reprendre la route, vers Saint-Victor-sur-Ouche, où l’écluse de la Charme n°28 organise pendant toute la saison estivale des spectacles des bals, des expositions, en même temps que des dégustations de produits du terroir. Puis ce sera Barbirey et son château. Marvelous and fantastic valley.
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