Ici, le Canal de Bourgogne prend de l’altitude. VRP (un Village, une Route, un Patrimoine) emprunte un chemin de halage pour découvrir, du côté de Pouilly-en-Auxois, l’étonnant univers de Shigeru Ban, « l’Eiffel du carton ».
Par Michel Giraud
En collaboration avec l’entreprise Rougeot à Meursault
Shigeru Ban, ce nom ne vous dit peut être rien. En juin dernier, cet architecte japonais de 56 ans a reçu le prix Pritzker 2014, l’équivalent, dans sa discipline, du prix Nobel. Il s’est fait connaitre en imaginant des maisons à base de tubes de carton, destinées aux victimes de catastrophes naturelles.
Le carton qu’il a également utilisé pour construire le spectaculaire dôme du Pavillon du Japon lors de l’Exposition universelle de Hanovre en 2000. Le carton, toujours et encore, ici à Pouilly-en-Auxois. Des tubes reliés par des nœuds d’aluminium qui ont donné naissance en 2004 à la Halle du Toueur. A l’époque, c’est la première réalisation en France de Shigeru Ban. Depuis, le centre Pompidou de Metz ou l’extension du Consortium à Dijon sont venus accroitre la notoriété hexagonale de celui que d’aucuns appellent « l’Eiffel du Carton ».
Nous voici au plus haut point du Canal de Bourgogne, au port de Pouilly. L’imposante armature imaginée par l’architecte japonais abrite ici un authentique toueur électrique, un bateau datant de 1893. A l’époque, ce remorqueur fluvial permettait aux péniches marchandes de traverser la voûte de Pouilly, via un imposant souterrain de plus de 3 kilomètres de longueur. C’est l’un des ouvrages les plus emblématiques de la voie d’eau, au cœur d’une histoire que l’on retrouve à deux pas de là, à l’intérieur du Centre d’Interprétation du Canal de Bourgogne.
Là aussi le bâtiment est signé Shigeru Ban. Il possède la particularité de n’avoir aucun mur porteur. Et pour cause: ce sont les cornières métalliques supportant la muséographie qui soutiennent le toit! A l’extérieur du bâtiment, un parcours de découverte a été imaginé. Il permet de relier un à un les ouvrages qui ont fait de Pouilly-en-Auxois, l’une des plaques tournantes de la navigation jadis commerciale et aujourd’hui touristique sur le Canal de Bourgogne.
Vous croiserez alors le brise-glace entreposé à deux pas du port ou encore la centrale hydroélectrique qui, en contrebas de l’écluse 1Y, avait pour mission d’alimenter en électricité le remorqueur fluvial. Une histoire que vous découvrirez aussi à bord de la Billebaude. D’avril à octobre, ce bateau promenade électro-solaire propose différentes formules de croisières. Et si le lieu continue de vous fasciner, n’hésitez pas à feuilleter: Au Sommet du Canal de Bourgogne, le très beau livre de l’historien local Jean-François Bligny.
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