On le connaissait chanteur et musicien, on le découvre peintre. Depuis toujours, Jamait gribouille, esquisse, dessine. « Je suis un peu speed dans la vie, ça me calme », dit-il. Pour DBM, il montre ses œuvres pour la première fois, avant une exposition à Paris cet hiver.
Planté au milieu de son jardin, dans le quartier de la Maladière à Dijon, Yves Jamait mélange deux noix de peinture sur sa palette. « Je suis un peu speed dans la vie, ça me calme, ça correspond plus à mon âge, j’ai envie de trucs plus tranquilles. Rien que faire le mélange de peinture, c’est un truc de monomaniaque, pas loin du toc. Tu fais ton amalgame, tu touilles longtemps, qu’il soit bien homogène et finalement, la couleur ne va pas du tout, tu as fait tout ça pour rien, et tu recommences. Parfois je passe plus de temps sur la palette que sur le tableau », raconte le Dijonnais à la force tranquille, pour qui « un quart d’heure de peinture vaut dix heures de yoga ».
On le connaissait auteur-compositeur interprète, on le découvre peintre. En realité, Yves a toujours dessiné, gribouillé. C’est son talent en dessin qui l’a fait entrer dans une formation d’infographie, au lycée du Castel à Dijon, il y a une paire de décennies : « J’ai appris à faire de la 3D, 3Ds Max. On était loin de la peinture… »
Passé la soixantaine, Yves Jamait découvre les plaisirs du temps long. « Je m’amuse aussi à apprendre le jazz manouche, depuis trois ans. Je réapprends la guitare, moi qui en joue depuis plus de quarante ans. À la base, j’ai commencé pour séduire les filles… »
Les peintures sont stockées sans façon dans sa cave, où il peint en hiver. « Je cherche un atelier près de chez moi, vous pouvez l’écrire, ça m’aidera peut-être à trouver », glisse-t-il.
Pour le moment, la collection se compose d’une trentaine de toiles, huile, acrylique. Des portraits, toujours. Plusieurs de sa compagne, Elisa. D’autres d’animaux (un étrange chien bleu figure sur la pochette de son album) et de personnages qu’il admire : Albert Camus, Arthur Schopenhauer, l’acteur Raymond Bussières. « Il était inoubliable dans Chéri-Bibi », assure-t-il.
Le trait est assuré, les couleurs vives, la peinture explosive. Jamait peint comme il est, cash, sans détour. « J’aime rarement ce que je fais, je considère que ce n’est jamais fini. J’ai du mal à dire que c’est bon. Souvent, je commence une peinture, je me dis que ça va être bien et le lendemain, je trouve que c’est à chier… Alors je recommence et parfois, c’est mieux. »
Peintre sans prétention, Yves Jamait s’est décidé à exposer, sur la demande d’un ami parisien, qui dirige le Pan Piper, lieu d’expo concert près du Père Lachaise. « Quand le patron m’a demandé d’exposer, au printemps dernier, je lui ai répondu qu’il était fou, que je n’avais rien à montrer. Et puis finalement, l’idée a fait son chemin, on verra bien… ». Lui qui se déclare artisan d’art de la chanson peine à assumer l’idée de montrer ses peintures. « Je suis terrifié. Exposer, c’est arrêter des peintures. Or je ne cesse de les modifier, elles ne sont jamais terminées, je n’en suis jamais satisfait. Mes œuvres, avec tous les guillemets du monde, me révèlent. Et se voir révélé, ça demande de s’accepter tel qu’on est et c’est insupportable. J’ai fait des psychanalyses pour gérer ça », confie-t-il.
→ Yves Jamait exposera ses toiles à partir de décembre au Pan Piper : 2-4 impasse Lamier dans le 11e arrondissement parisien. Plus d’infos sur son site web.